Loufoque et ultra pas sérieux, ce spectacle est une bouffée d’impertinence absurde et démentielle qui fait la nique en les dénonçant aux bêtises des puissants de ce monde. C’est sans filtre mais avec du talent, calé au cordeau et interprété sauvagement, entre pochades potaches et entrées de clowns.
« Le 12 juin 1964, Jocelyne Therolz sort de son épreuve de mathématiques pour son baccalauréat. Au même moment à la maternité du CHU de Nantes, Christian Duvernois attend de savoir le sexe de son futur enfant, 674 kilomètres plus loin un incident est intervenu aux Entrepôts Frigorifiques Lyonnais au marché-gare de Perrache. Lors de ce fameux 12 juin, à cause d'un tragique concours de circonstances, un groupe de bombardiers est envoyé par erreur pour atomiser Moscou. L'histoire ne nous dit pas si Jocelyne a eu son bac, si Christian aura un garçon ou une fille ou si les Entrepôts sont indemnes : car cette journée va marquer un tournant et changer définitivement le monde tel que nous le connaissons. »
Ah qu'il est bon de rire des grotesques incohérences, des compromissions dangereuses et des ridicules postures dans lesquelles les responsables politiques et militaires, d’ici ou là-bas, se vautrent et se délectent sans vergogne ni pudeur.
Les gags et les ruptures, les tourneboulements linguistiques et les paralangages se succèdent en mitraille sur fond d’actualités contemporaines. Il y a de l’intelligence et du savoir-faire dans tout cela. Il y a aussi une bonne et désopilante dose de burlesque, jouée serrée, qui nous remplit de plaisir complice.
C'est un voyage au pays du non-sens, atrocement déluré et tragiquement délirant. Une belle tranche de rires, recouverte d'une belle épaisseur de vérités grinçantes pour ce beau casse-croûte croustillant et savoureux.
L’humour piquant et l'ambiance bouffonne qui enveloppe l'ensemble inscrivent ce spectacle dans la lignée des jongleries populaires, des représentations d’aèdes et des comédies satiriques où la dénonciation sociale se joue sur tréteaux.
Succès assuré. Pour preuve, le public y est allé d'une jolie ovation aux saluts cet après-midi-là.
Un spectacle pas du tout recommandable pour les gens sérieux qui ne souhaitent pas rire des choses sérieuses, que je conseille bien sûr !
Spectacle vu le 12 juillet 2021
Frédéric Perez
Texte et mise en scène de Robin Goupil assisté pour la mise en scène par Arthur Cordier.
Avec Thomas Gendronneau, Victoire Goupil, Martin Karmann, Théo Kerfridin, Stanislas Perrin, Augustin Passard, Maïka Louakairim, Laurène Thomas et Tom Wozniczka.
Jusqu’au 26 juillet les jours pairs
https://www.festivaloffavignon.com/programme/2021/no-limit-s28246/