LA PROMESSE DE L'AUBE au Lucernaire

Franck Desmedt signe et joue l'adaptation théâtrale du roman autobiographique de Romain Gary. Une adaptation qui fait le choix de jalonner le récit des anecdotes de vie les plus significatives et caractéristiques de cette évocation introspective, affective et quasi romanesque. La truculence extravagante et la retenue pudique côtoient la drôlerie et l’empathie qui cheminent tout le long, baignées d’un humour chaleureux qui enveloppe les sentiments pour les guider vers l'émotion.

Nous sommes touchés au cœur par cet hommage vibrant d’entièreté tendre et profonde d'un fils à sa mère, toujours coloré d'une douce et malicieuse dérision, comme pour privilégier les éclats de joie aux souffrances du manque.

« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. »

Un magnifique récit théâtral qui touche au merveilleux, nous plonge dans ces amours croisés aux résonances d’une catharsis intrusive. Celui de la mère à son fils, celui du fils pour sa mère. Quel splendide échange de promesses, quelle formidable et folle farandole de dons et de dettes, que de beaux signes d’affection amoureuse.

Tel un aède qui suspend son public à ses lèvres et le retient de bout en bout subjugué aux aléas de l'histoire qu'il vient raconter, jouant tous les personnages avec une criante vérité et une dextérité époustouflante, Franck Desmedt est décidément un remarquable comédien au formidable talent de conteur. Il captive et surprend par sa virtuosité imposante et la luminosité de ses scènes qu'il étend du sombre ténu à la lumière éclatante.

La mise en scène simple et dépouillée de Stéphane Laporte et Dominique Scheer donne un écrin doux et discret au texte rehaussé astucieusement par les touches de lumière complices de Laurent Béa. Les mots et les postures, les mouvements et les silences y trouvent toute leur place et apportent au spectacle tout son essor esthétique, laissant passer nombre de moments suspendus, sortes de soupirs poétiques arrachés à la mélancolie.

C’est une magnifique histoire d'amour maternel d'une mère aimante et possessive à son fils aimant et indépendant qui a su ne pas s'y étouffer. Une histoire d'amour maternel au reflet mythique, d'une démesure pétillante et rieuse, magistralement interprétée par Franck Desmedt, aussi drôle qu’intense comédien. Une prouesse à ne surtout pas manquer !

Spectacle vu le 27 août 2021

Frédéric Perez

De Romain Gary. Mise en scène de Stéphane Laporte et Dominique Scheer. Lumières de Laurent Béa.

Adaptation et jeu de Franck Desmedt.