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Une belle surprise théâtrale comme on aime, inattendue, drôle et particulièrement bien jouée.

 

Inspirée de la célèbre pièce « Fric-Frac » de Édouard Bourdet, créée en 1936 puis adaptée en 1939 par Maurice Lhemann et Claude Autant-Lara pour le cinéma, « Main basse sur le magot » est une délicieuse réussite théâtrale aux saveurs rétro et à l’esprit joyeusement déluré d’un polar fantaisiste, irrésistible de drôlerie, d’une très bonne tenue artistique.

 

Un spectacle aux charmes fous des aventures de gangsters des années 30 où le désuet fricote avec le kitch et l’espiègle rebondit sans cesse comme pour cacher la pudeur des émotions des personnages à la parade, tous les quatre plus croustillants les uns que les autres.

 

« Paris des années 1930, dans le monde des petites fripouilles. Le gus de Loulou est à l’ombre, il lui faut de l’oseille, du flouze, du pognon. Loulou est raide dingue de son gus. Par chance, Paul, qui en pince pour elle, turbine dans la petite bijouterie Mercandieux. C’est l’occase du casse rêvé. Mais Jo, l’acolyte de Loulou, qu’a pas le gaz à tous les étages est dans la danse… Et puis la Mère Mercandieux, bijoutière de père en fifille, qui a des vues sur Paul, est là aussi… Comment Paul va-t-il se sortir de ce bourbier ? »

 

Une gouaille qui ne cache pas son jeu derrière les sentiments amoureux, se glisse dans le rififi romanesque de cette histoire et file tout droit vers un Trafalgar désopilant.

 

La pièce de Arnaud Cassand est fichtrement bien ficelée. L'argument sert de canevas à une kyrielle de situations et de répliques ciselées impeccablement, équilibrées et savamment écrites. Du beau texte assurément que ce polar fantasque plein d'humour. Une chouette plongée dans un univers goguenard qui prend par moments les allures d'une jolie poésie burlesque.

 

La réalisme des seyants costumes de Chantal Hocdé et la scénographie astucieuse de Jean-Luc Taillefert servent avec superbe la mise en scène de Jacques Décombe assisté de Timothée Loridon. Une mise en scène habile à juxtaposer les plans de jeu, œuvrant ainsi à donner à l’histoire des effets harmonieux et attractifs par une sorte de floutage onirique qui les rend quasi cinématographiques. Une mise en scène qui fait jouer la partition avec adresse et un calage précis des jeux à un quatuor de comédiens au top qui font ressortir avec brio les caractéristiques des quatre personnages finement bien campés.

 

Mathilde Bourdin (ce soir-là) est une truculente Loulou qui sait rendre son personnage attachant voire attendrissant. Arnaud Cassand est Jo, un adorable benêt qui tombe dans la marmite des gaffes sans même qu'on l'y pousse. Bertrand Goncalves (ce soir-là), impeccable Paul, jeune premier piégé qui pourrait devenir le cave qui se rebiffe. Marité Blot, merveilleuse Alice, vieille fille qui déjante peu à peu pour tenter de passer de l'autre côté du miroir. Une délicieuse et fine équipe que voilà.

 

Une gourmandise théâtrale drôle, bien ficelée et superbement jouée, avec de vrais morceaux d’argot dedans, à croquer avec plaisir et délectation. Courez-y !

 

Spectacle vu le 18 août 2021

Frédéric Perez

 

De Arnaud Cassand. Mise en scène de Jacques Décombe assisté de Timothée Loridon. Scénographies de Jean-Luc Taillefert. Costumes de Chantal Hocdé.

Avec Mathilde Bourbin en alternance avec Ariane Brousse, Arnaud Cassand, Julien Héteau en alternance avec Bertrand Goncalves, Marité Blot.

 

 

Du mercredi au samedi à 19h ou 21h (voir sur le site du théâtre) et le dimanche à 16h00

 

53 rue des Saules, Paris 18ème

01.42.23.88.83 www.funambule-montmartre.com

 

 

 

Photo © DR

Photo © DR

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