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Un spectacle gestuel, visuel et sonore, truffé de prouesses et prolifique en rires, où le ratage est porté aux firmaments et où sa répétition devient son énonciation. Il y a de la beauté dans l'échec avec ces deux acharnistes-là !

« Avec Les Acharnistes, nous suivons le parcours de deux cabossés de la vie, deux désœuvrés actifs, et inventifs à leur manière, qui tentent d’organiser leur désordre et de combler leur vide existentiel en mettant à exécution des projets aussi dérisoires qu’inutiles, parfois même risqués... »

Les situations burlesques, loufoques, et cocasses n'arrêtent pas leur succession tenace, comme une farandole déglinguée pantomimée par deux silhouettes dégingandées. Deux personnages horriblement drôles comme les clowns de notre enfance qui nous faisaient d'abord peur avant de nous faire rire.

Avec ces deux personnages-là il faut s’attendre à tout car tout est possible. Chaque fois ils tentent, chaque fois ils espèrent. Et à chaque fois, ils pensent toucher la victoire et puis non, il y a d’autres fois… ils s’acharnent !

Je me demande de quel bois sont faits ces personnages pour tomber et se relever sans cesse, ni trop ni mal. Pour oser accumuler autant d’échecs et recommencer aussitôt. Sans doute s’agit-il d’un bois dur au cœur tendre. Car malgré toutes les gamelles qu’ils se prennent, tous les essais ratés et les erreurs ajoutées, il nous semble déceler comme un plaisir d’affronter cette réalité qui ne bouge pas malgré leurs espérances.

On ne nous dit pas leurs noms. Ces sans-noms veulent réussir ce qu’ils entreprennent vainement sans qu’on les désigne. Une volonté de nous transférer leurs aventures en nous transposant plus facilement à leur place ? Surtout, qu’on les laisse faire ! c’est sans doute ainsi qu’ils souhaitent pour nous, devant nous, à notre place, essayer l’inutile oiseux, faire la nique à l’absurde infructueux, vivre l’impossible rêve…

L’espoir de transgresser l’échec n’est-il pas leur rapport existentiel au réel ? Comme un désir du vivant où le risque devient geste, le danger proche et où sa transgression sublime toute résignation ? Ce désir ne serait-il pas enfoui aussi parmi nous ?

Heureusement pour nous, humble public stupéfait par ces fanatiques en délire qui viennent bousculer notre imaginaire, le rire (et il ne manque pas !) est notre protection face à cette déferlante de risques. Cette multitude hilarante de gags constitue subtilement une dramaturgie dans laquelle leurs corps nous parlent autant que leurs paroles, en totale synergie.

C’est étonnant et drôle. Le texte de Jean-François Maurier et Rafaël Batonnet, mis en scène par Jean-François Maurier, regorge d’inventivité. Le calage fluide est spectaculaire. Coté interprétation, la vis comica de Rafaël Batonnet et Michaël Périé se conjugue avec une adresse inouïe dans la maitrise du corps et du mouvement.

Un spectacle hilarant et surprenant qui décèle un travail artistique remarquable. Un parti-pris réussi de théâtre burlesque et clownesque aux allures circassiennes. À voir assurément pour le plaisir de rire des enfants que nous sommes encore.

 

Spectacle vu le 9 décembre 2021

Frédéric Perez

 

De Jean-François Maurier et Rafaël Batonnet. Mise en scène de Jean-François Maurier. Lumière de Thomas Delacroix Construction de Adrien Alessandrini. Choix des défroques par Nadia Léon.

Avec Rafaël Batonnet et Michaël Périé.

 

Du mardi au samedi à 19h00 et le dimanche à 15h30

53 rue Notre-Dame-des-Champs Paris 6ème

01.45.44.57.34  www.lucernaire.fr

Photo © Dominique Chauvin

Photo © Dominique Chauvin

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