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Un fait divers croustillant sert l’argument de cette pièce de Christian Siméon qui ne se prive de jongler sur les paradoxes, les sous-entendus et les doubles-sens pour relater l’incroyable vie de Marguerite Steinheil, demi-mondaine accusée de plusieurs assassinats et accessoirement maitresse du président Félix Faure qui mourra dans ses bras ou plus exactement dans sa bouche pour être précis.

Nous voici en présence de cette célèbre femme qui reçoit derrière un piano de cuisine un journaliste désireux de la questionner pour en savoir un peu plus sur ses secrets. Saura-il lui soutirer la vérité ? Appréciera-t--il le talent culinaire de celle que l’on surnomma la « Pompe funèbre » ou la « Sara Bernhardt du prétoire » ?

Sait-on jamais ! Le temps a passé, les souvenirs méritent peut-être d’être enfin mis au jour… Nous verrons bien. Ce qui est certain en tous cas, c’est que nous allons assister à une formidable envolée lyrique, aux accents délirants d’une élégante manipulatrice maniant la duperie et le retournement. Un personnage extraordinaire qui joue merveilleusement de sa langue pour dire, et de ses accessoires de cuisine pour composer des mets aux ingrédients étonnants... Une femme libre qui emberlificote aisément ses prochains.

« Sexe, bouffe et crimes non élucidés, comme si avoir tué le président de la République ne suffisait pas, la belle Marguerite Steinheil a été mêlée à la très mystérieuse affaire du double meurtre de l’Impasse Ronsin. À ce jour elle n’a jamais révélé la vérité, mais c’est peut-être pour ce soir. Alors pour éviter d’être cuisinée, c’est elle qui va cuisiner. À table ! Les Marguerites sont des fleurs irrésistibles et vénéneuses. Je t’aime un peu, beaucoup, cruellement, dangereusement, pas du tout... Méfiez-vous des rousses. »

La mise en scène de Vincent Messager met en avant et en lumière la truculence du personnage de Marguerite, laissant toute la place aux jeux cocasses et incongrus que permettent les confidences provocatrices et amusées de cette héroïne. Les moments de chants renforcent la coloration insidieuse et équivoque du texte, et apporte à la pièce un charme déluré et complice.

L’interprétation de Andrea Ferréol est succulente, explosive et lumineuse. Cette comédienne dépote et arrache tout sur son passage. Elle est tout simplement formidable. Pauline Phélix et Erwin Zirmi ne sont pas en reste. Elle et il contribuent à donner au spectacle son allure éblouissante au comique jubilatoire.

Un spectacle drôle et bien ficelé, une distribution en verve menée par la grande et truculente Andrea Ferréol. Un délicieux moment de théâtre de plaisir.

Spectacle vu le 18 juillet 2022

Frédéric Perez

De Christian Siméon. Mise en scène de Vincent Messager. Chorégraphies de Mado Cervellon. Costumes de Olivier Pétigny. Lumières de Thierry Ravillard. Musiques de Cécile Goubert.

Avec Andrea Ferréol, Pauline Phélix et Erwin Zirmi.

 

 

Jusqu’au 30 juillet à 17h00

(relâche le mardi)

 

Photo © DR

Photo © DR

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