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Très adroitement adaptée par Xavier Lemaire, cette fable poétique de Éric-Emmanuel Schmitt, qui s’inscrit dans son cycle de l’invisible, nous surprend aussitôt et nous tient en haleine de bout en bout. Une écriture qui réfléchit la vie dans le reflet de la représentation théâtrale. Un spectacle qui nous transporte dans le monde chaleureux du merveilleux, où la narration se fait aussi bien visuelle que musicale ou jouée. C’est beau, prégnant et intrusif.

« Un homme d’affaire, travaillant en Chine, rencontre, à chacun de ses déplacements, au Grand Hôtel de Yunaï, une dame-pipi nommée Madame Ming. Cette dame va lui révéler qu’elle a eu dix enfants ! Mensonge ou réalité dans un pays qui n’autorise qu’un enfant unique ? Le récit de la vie des dix enfants de Mme Ming sera l’occasion pour cet homme d’affaire d’une exploration intime de sa vie personnelle et de son rapport à la Chine et à la pensée de Confucius… »

Tissés avec les liens de la bienveillance et de la pensée intime, ce texte aux allures de conte philosophique, devient sur scène un magnifique moment de drôlerie tendre et de réflexion sur la valeur de la parole iconoclaste et inattendue laissée à l’appréciation de celle ou celui qui la reçoit. Une parole admise ou non, au gré de son acceptation, tant sa suggestion peut faire tanguer l’équilibre ou bercer l’espérance.

Madame Ming parle de ses enfants comme d’autres pourraient raconter des anecdotes extraites de leurs souvenirs. Dit-elle vrai ou ment-elle ? Quelle valeur a un mensonge s’il porte un message bienfaisant, libérateur ou interrogateur ?

« La vérité c’est juste le mensonge qui me plaît le plus. »

Faut-il mentir pour embellir la vie ou juste la colorer de pensées latérales pour la supporter ou la remplir ?

Madame Ming est Isabelle Andréani, ou le contraire, on ne sait pas, on ne peut pas le dire car l’incarnation du personnage est évidente. La comédienne se joue de notre imaginaire en suspendant notre regard et notre écoute à sa présence lumineuse, aux roueries de ses jeux. Entourée avec talent par Benjamin Egner, Pascale Blaison et Elsa Moatti, la comédienne et ses comparses nous emportent dans le récit avec une puissance d’évocation remarquable.

La mise en scène inventive de Xavier Lemaire, à l’instar de son adaptation, est suggestive et équilibrée, offrant une mise en vie savoureusement captivante. Voici un spectacle velouté, léger et profond à la fois, drôle aussi. Une interprétation brillante. Un incontournable rendez-vous du festival.

Spectacle vu le 19 juillet 2022

Frédéric Perez

 

D’après Éric-Emmanuel Schmitt. Adaptation et mise en scène de
Xavier Lemaire assisté pour la mise en scène par Silvio Marteel. Décor de Caroline Mexme. Costumes de Virginie H. Lumières de Didier Brun. Création musicale de Elsa Moatti. Création des marionnettes de Pascale Blaison.

Avec Isabelle Andréani, Benjamin Egner, Pascale Blaison (marionnettiste) et Elsa Moatti (violoniste).

 

 

Jusqu’au 30 juillet à 15h30

(relâche le lundi)

 

Photo © DR

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