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Une plongée attachante dans l’univers de Matteo, prisonnier de lui-même emblématique des temps modernes, enferré dans la carapace virtuelle d’un monde numérique, rompant tout dialogue avec la réalité. Ce « hikikomori », ainsi nommé au Japon, vit de ses tentatives répétées d’échappée belle, seule survie semble-t-il à sa condition d’enfermé volontaire.

Mais quelles sont les raisons qui le motivent ? Et sa famille, restera-t-elle inattentive à cette fuite en avant ? Comment va-t-elle s’y prendre pour rouvrir les portes de l’avenir ? Pourra-t-elle permettre à Matteo de marcher vers une nouvelle destinée ?

« Un pas après l’autre nous plonge avec tendresse et ironie dans le quotidien de l’atelier de haute couture des sœurs Mazzella, Daniela et Arianna. Au bord de la faillite, elles ont dû emménager dans l’ancienne loge de concierge qui leur servait de dépôt. Matteo, le fils d’Arianna, y vit reclus depuis huit ans. N’arrivant plus à sortir, il se réfugie dans sa chambre, protégé derrière son écran, il reste connecté tout en étant déconnecté. Dans cet espace intime, il s’est créé un univers parallèle. Fasciné par le cosmos, il y trouve une forme d’évasion, loin du monde réel. Comment rouvrir une porte qui est restée trop longtemps fermée ? »

Une nouvelle fois, Fabio Marra écrit avec une adresse infinie un récit inscrit dans un chœur familial. Le texte œuvre à tisser avec délicatesse les liens de soutien et de compassion, de reconnaissance affective et d’amour filial.

Deux sœurs, la mère et la tante de Matteo (Fabio Marra), deux femmes à l’affection complémentaire et protectrice. La cadette (Nathalie Cerda) est une mère involontaire, qui tient à son fils par la force de sa fratrie. L’aînée est la tante (Catherine Arditi), mère de substitution, elle représente la figure tutélaire et matrimoniale du foyer. Au fil de l'histoire, une jeune femme (Sonia Palau) viendra s’interposer à la façon d'une médiatrice involontaire. Entouré de la sorte, Matteo trouve un équilibre instable mais qui semble lui suffire, en apparence toutefois... Le récit n’a plus qu’à se développer, nous happant dès le début et nous tenant en haleine tout le long, de ses rebondissements à son avènement.

Le dessin et la profondeur des personnages captent l’attention et le fil narratif se déroule chargé d’une expressivité marquée. Une histoire romanesque qui conduit vers l’émotion.

L’interprétation est magistrale, il ne pouvait en être autrement pour des rôles si bien écrits. Il fallait Catherine Arditi, Nathalie Cerda et Sonia Palau, toutes les trois éblouissantes de vérité et de sensibilité. Fabio Marra, quant à lui, est tout simplement brillant.

Un grand auteur pour une pièce agréable. Une mise en scène soignée et une interprétation remarquable.

Spectacle vu le 15 juillet 2022

Frédéric Perez

 

Écriture et mise en scène de Fabio Marra. Scénographie de Audrey Vuong. Décor de Claude Pierson. Costumes de Pauline Yaoua Zurini. Accessoires de Bruno Jouvet. Musiques de Claudio del Vecchio. Création Lumières de Laurent Béal. Visuel de Johann Hierholzer.

Avec Catherine Arditi, Nathalie Cerda, Sonia Palau et Fabio Marra.

 

 

Jusqu’au 30 juillet à 16h15

(relâche le lundi)

 

Photo © J. Stey

Photo © J. Stey

Photo © DR

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