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Un spectacle prégnant grâce à la force du texte de Maxime Gorki formidablement restitué par l’adresse de son adaptation et de sa mise en vie par Aksel Carrez. La richesse des nombreux messages sociétaux de la pièce, sombres et lucides, cyniques et cruels mais délibérément porteurs d’espoir, nous touchent par leur puissance et leur acuité, par leur énonciation tragique défilant toutefois une transcendance profondément optimiste de ces récits de vie entrecroisés.

« Dans une grande maison de famille, des amis jouent aux cartes, peignent des tableaux, écrivent des poèmes, chantent et jouent de la musique, parlent de science, d’art, d’amour, boivent du thé et de la vodka. Idéaliste, fatiguée, inconsciente, exultée la petite société des enfants du soleil rêve d’un monde où le peuple serait instruit et éduqué et où la violence n’existerait pas. Pourtant le choléra et les émeutes font rage dehors. Dans ce huis clos, Gorki peint le tableau d’une société déchirée dans des conflits culturels et sociologiques. »

Les propos utopistes, idéalistes et généreux, troublés par la matérialité présente qui contextualise leur péril permanent sont traversés des amours désenchantés et déchirés aux espérances déçues de ces jeunes bourgeois argentés s’interrogeant sur leur ambition de vivre, le sens du bonheur et la loi du désir. En opposition, la démonstration récurrente est faite de la réalité sociale qui les entoure et qui charrie inégalités, souffrances et peurs, ignorances, discriminations et injustices.

Le parti pris de Aksel Carrez de jalonner la narration de repères contemporains dans le décorum d’ensemble (accessoires, musiques et interjections) indique la volonté de faire traverser le temps aux propos de Gorki pour nous les rendre plus proches encore de notre imaginaire. Sa mise en scène est admirablement servie par la scénographie de Valentin Sanitas, les costumes de Claire Fayel, les lumières de Bartolo Filippone et la musique de Boris Labant. Le fil narratif demeure avant tout réaliste jusqu’à illustrer avec une exposition claire et flagrante les passions exacerbées, les paroxysmes de fuite ou de désillusion teintés de folie et les mortifères passages à l’acte.

La jeune troupe est vibrante d’intensité et d’engouement. Maël Besnard, Julia Cash, Ghislain Decléty, Rafaela Jirkovsky, Delphine Lacheteau, Ulysse Mengue et Thomas Rio s’emparent de leurs personnages dans des jeux naturalistes enthousiastes et pêchus, jamais forcés et toujours dans la justesse des situations.

Une pièce de Maxime Gorki à retrouver ou à découvrir dans une esthétique cohérente et impressionnante, savamment élaborée et maitrisée, servant le texte avec fidélité et une fine appropriation. Une brillante interprétation. Un spectacle à voir assurément.

 

Spectacle vu le 8 novembre 2022

Frédéric Perez

 

De Maxime Gorki. Adaptation et mise en scène de Aksel Carrez. Scénographie de Valentin Sanitas. Costumes de Claire Fayel.    Lumières de Bartolo Filippone. Musique de Boris Labant.

Avec Maël Besnard, Julia Cash, Ghislain Decléty, Rafaela Jirkovsky, Delphine Lacheteau, Ulysse Mengue et Thomas Rio.

 

 

Jusqu’au vendredi 11, à 20h30

13 rue des Réservoirs, Versailles

01.39.2016.00  www.theatremontansier.com

 

Photos © DR

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