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Loufoque et débridée, burlesque et déjantée, c'est sur un rythme soutenu, vif et joyeux que cette enquête policière nous ballade allègrement pour conter son histoire rocambolesque et charmante, amusante à souhait.

« 1908. Nous sommes au château des Gournay-Martin à 3 heures de Paris. On rédige les faireparts du mariage de Germaine Gournay-Martin avec le Duc de Charmarace. La domestique prépare le thé, le Duc revient de sa promenade à cheval. C’est alors que l’arrivée d’une lettre à l’attention de M. Gournay-Martin va tout faire basculer. ’’Monsieur, j’attire votre attention sur le diadème de la Princesse de Lamballe. J’ai la ferme intention de m’approprier ce joyau et me rendrai dès demain dans votre office parisien, où vous l’exposez et où vous entassez toutes vos œuvres, pour une respectueuse perquisition.’’ signée Arsène Lupin »

L’adaptation et la mise en scène de Delphine Piard fait la part belle à la parodie cartoonesque tout en respectant les codes des célèbres nouvelles de Maurice Leblanc. L’écriture est habile, truffée de saillies efficaces et élégantes teintées d’un soupçon d’autodérision. Un parfum d’absurdie se répand tout partout sur les scènes, les tableaux vivants et les séquences chorégraphiées. L’ensemble fonctionne à merveille et montre avec truculence ce buffet de délires et de ruptures, d’astuces et de grosses ficelles, construit comme une succession de pièces de puzzle où un suspense insoutenable (qui a dit « on pige tout très vite » ?) nous tient en haleine (ou en complicité !) tout le long.

La direction de jeux donne de belles scènes et de beaux numéros à une distribution en verve qui s’amuse autant que nous.

Il est intéressant de remarquer que les personnages joués par Grégoire Baujat, Pierre Khorsand et Florent Chesné ressemblent à s’y méprendre à un véritable trio de clowns dans lequel le clown blanc (Arsène Lupin), le clown rouge dit l’auguste (l’inspecteur Ganimard) et le contre-pitre dit le second auguste (monsieur Charolais) rivalisent de ruses et de postures. Ils s’illustrent avec une drôlerie manifeste dans le récit de cette histoire à tiroirs alambiquée et cocasse.

Les dames ne sont pas en reste, loin de là ! Aude Roman campe Mademoiselle Germaine avec une vigueur ébouriffante, faisant ressortir les côtés psycho-maniaque et nigaud-rigide de son personnage avec des colères croustillantes savoureuses. Emma Brazeilles est Sonia, la domestique et complice du gentleman-cambrioleur, une façon de Miss « les deux-pieds-sur-terre » qui fait le pivot matérialiste de tout cet aréopage de personnages loufoquissimes mais qui n’oublie de se lâcher à son tour… Une fichue bonne équipe. Bravo et chapeau bas !

Un spectacle qui nous sourit et nous amuse en permanence dans la lignée du théâtre de plaisir. Drôle et léger, insouciant et agréable. Laissez-vous tenter par ce divertissement bien ficelé et bien joué.

Spectacle vu le 7 décembre 2022

Frédéric Perez

 

D’après l’œuvre de Maurice Leblanc. Adaptation et mise en scène de Delphine Piard assistée pour la mise en scène par Nicolas Soulié. Décors de Juliette Azzopardi. Costumes de Solène Cauty et Chloé Boutry. Chorégraphie de Michel Durand. Soutien de Florence Leblanc, petite-fille de Maurice Leblanc.

Avec Grégoire Baujat ou Jean-Romain Krynen, Pierre Khorsand, Aude Roman ou Constance Carrelet ou Valentine Revel-Mouroz, Florent Chesné ou Nicolas Soulié, Emma Brazeilles.

 

Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 17h00

53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6ème

01.45.44.57.34  www.lucernaire.fr

 

Photo © DR

Photo © DR

Photo © Franck Harscouët

Photo © Franck Harscouët

Photo © Franck Harscouët

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