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Adam et Ève est le premier tableau biblique de Klimt. Il était certainement le seul à présenter l'humanité en état de grâce, car la scène semblerait se situer avant la Chute, peut-être au moment de la création d'Ève. Seule femme vraiment chaste, Ève est une héroïne très différente de Judith.
Les contemporains de Klimt ont fait remarquer que sa femme idéale s'écartait généralement de manière significative de la notion viennoise de la beauté : elle était mince plutôt que plantureuse, rousse ou brune plutôt que blonde. Ce "type de l'Ancien Testament" (comme on appelait par euphémisme l'héroïne typique de Klimt) avait une aura d'exotisme à la fois attrayante et intentionnellement effrayante.
Il y a d'autres aspects d' Adam et Ève qui le distinguent du reste de l'œuvre de Klimt. Thématiquement, c'était une extension des nombreuses versions du Baiser et les dessins préliminaires indiquent que la composition a évolué directement à partir de ces œuvres antérieures.
Pourtant, alors que dans toutes les incarnations de "Le Baiser" l'homme domine, ici c'est Ève qui est poussée au premier plan. Des études suggèrent que Klimt a envisagé de la poser le dos tourné (comme l'homme dans The Kiss), mais a décidé de positionner les deux personnages tournés vers l'avant afin que leurs visages puissent être vus (un autre changement par rapport aux travaux antérieurs).
En conséquence, Adam a plus de présence que la plupart des personnages masculins de Klimt, bien que son rôle ne soit guère fort. Dans un curieux renversement de la symbolique habituelle, l'homme est passif, somnolent, tandis que la femme est active, éveillée.
La nuit (ou la lune) était traditionnellement la force féminine, le jour (le soleil) masculin, et ils ont donc été représentés dans la version Beethoven Frieze de "The Kiss". Ici, cependant, c'est l'homme qui semble associé à la nuit, tandis que la femme plus claire rayonne de soleil. Gustav Klimt sort peu à peu des stéréotypes fin-de-siècle de la sexualité pour adopter une vision plus large et plus originale.
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