LE PARADOXE DU DÉSIR au Guichet Montparnasse

Nous retrouvons avec délice l’écriture simple et efficace de Ana-Maria Bamberger qui nous offre un récit plaisant sur le désir amoureux, sa complexité, ses faux-semblants cachés dans un labyrinthe de non-dits, ses roueries délicieuses et douloureuses qui s’avéreront vaines ou victorieuses.

« Anton, auteur à succès, écrit sa première pièce de théâtre qui est aussi une pièce pour raviver le désir de Iris, actrice sur le déclin, qu’il a croisé jadis. Elle accepte ce cadeau dans l’espoir de renouer avec Robert, le partenaire pressenti mais qui vise les faveurs de Alice, jeune critique de théâtre à qui il propose de l’assister à la mise en scène… La jeune Alice, émoustillée par la rencontre avec Anton acceptera à son tour de rentrer dans la danse. Comment fonctionnera ce quatuor ? »

La pièce est drôle, juste ce qu’il faut pour parsemer de légèreté les affres de l’illusion amoureuse, de ses frustrations et de ses espoirs. Le traitement du récit nous plonge dans une mise en abyme de la représentation théâtrale par laquelle les artistes et les personnages se conjuguent et se confondent dans un jeu de miroirs pernicieux. Un jeu de dupes où la ruse pour atteindre ses enjeux, les écarts entre l’image de soi et l’image sociale, la recherche du désir à assouvir, mènent combat. Un combat aussi rude que fuyant pour l’assouvissement de la satisfaction du plaisir et de sa jouissance.

Qui sont ces quatre protagonistes ? des oubliés de l’amour passé aujourd’hui revenu ? des stratèges impatients et agités en quête de réussite sociale, amoureuse ou sexuelle, fugace ou pérenne ?

Alors que nous pensons trouver qui classer où, chaque personnage apporte son lot de réponses et nourrit d’incertitudes notre compréhension et notre imaginaire. Le récit nous dira peu à peu où conduisent les chemins empruntés par chacun des personnages. Et nous saurons qui tentera une approche relationnelle ou une recherche de reconnaissance, qui sera capable de renoncement ou s’entêtera, qui encore rebondira sur les opportunités.

Codrina Pricopoaia signe une mise en scène sobre et astucieuse. Quatre chaises, une table, deux verres et une bouteille de Retsina, un peu de papeterie, trois carottes (si si !), et le tout est emballé. Les comédiens jouent leur partition avec pétillance et profondeur. Codrina Pricopoaia, Samy Rahal, Alexia Séféroglou et Geoffroy Vernin sont chacune et chacun crédibles et convaincants.

Un joli moment de théâtre sur le désir amoureux et ses possibles paradoxes. Un spectacle agréable à voir assurément.

Spectacle vu le 6 janvier 2024

Frédéric Perez

De Ana-Maria Bamberger. Mise en scène de Codrina Pricopoaia.

Avec Codrina Pricopoaia, Samy Rahal, Alexia Séféroglou et Geoffroy Vernin.