LES PARALLÈLES au théâtre La Scala

Une comédie romantique agréable qui dépeint avec justesse et humour les affres du sentiment amoureux. Le fil narratif et les répliques s’inscrivent dans une réalité où se reflètent les tendances et les codes contemporains sur la socialisation des groupes et les modalités des approches de couples. Entre franche radicalité et tentation de romance, sur fondu enchainé de deux solitudes singulières.

« Un soir, Marion et Romain se croisent sur le pas d'une porte d’une soirée à laquelle ils devraient aller. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre... Mais rien n'est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs rapports aux autres. Lui est coincé dans son passé. Pour Elle, c'est la fuite en avant. Mais ensemble, ils traversent la nuit. »

Que recherche Marion dans sa fuite en avant faite de rencontres d'un « soir-surtout-pas-plus » ? l’enfouissement de son désespoir de trouver l’âme sœur ; l’apparence d’une liberté de jouir de la vie sans contrainte ; le sentiment de compétence à gravir sans encombre les marches d’un célibat heureux ; au risque de ternir son estime de soi ?

Et Romain, pourquoi regarde-t-il derrière lui les erreurs qui l'ont conduit à subir une rupture ? serait-il plus simple d’être un looser définitif ; de rester l’enfant qu’on protège ou qu’on rejette tant il est difficile de vivre en adulte ; au risque de ternir son image de soi ?

Des voiles de fleur bleue se posent souvent sur le récit qui égrène avec une certaine dérision les conventions usuelles sans toutefois s’en extraire. C’est sans doute pour cela que la pièce fonctionne et rallie l’écoute et le regard d’un public attentif et complice, qui en rit volontiers, la drôlerie filant tout le long. Le reflet de la réalité aidant, il n’est pas impossible de reconnaitre des pensées voire des souvenirs qui nous parlent de nous-même ou de proches.

Le texte et la mise en scène de Alexandre Oppecini surfent sur les émotions et les coups d’éclats de ses deux personnages que tout opposerait mais qu’au théâtre comme dans la vie peut-être, tout rapproche. Les scènes s’enchainent avec fluidité. Les mots et les formules font mouche. On s’y attend bien sûr mais on s’y laisse prendre.

Marie Pierre Nouveau et Benjamin Wangermée incarnent avec finesse et tonus ce duo attachant. Les émotions passent la rampe, l’humour les accompagnent aisément, leur interprétation se fait adroite et toujours juste.

Un spectacle plaisant qui tisse les instants chahutés d’une rencontre particulière pour se finir dans le calme apaisant d’un « feel-good » bienfaisant et surtout bien joué. Un bon moment de théâtre de plaisir.

Spectacle vu le 10 décembre 2024

Frédéric Perez

Texte et mise en scène de Alexandre Oppecini. Lumières de Dominique Bruguière assistée de Pierre Gaillardot. Scénographie de Cécilia Delestre. Stylisme de Claire Risterucci. Musique de Pasqua Pancrazi.

Avec Marie Pierre Nouveau et Benjamin Wangermée.