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Une pièce rieuse et piquante centrée sur la figure maternelle, dans la lignée qui des comédies légères aux tournures vaudevillesques qui étrillent les relations familiales, avec des accents contemporains complices. L’argument s’inscrit dans nombre de ceux qui jouent sur le retour ’’au pays’’ ou ’’aux racines’’ pour régler les comptes. Au-delà de l’humour ravageur et rageur un peu racoleur traversant les messages portés, l’écriture révèle la subtilité d’un tour de main aiguisé.

« Louise, ancienne étudiante en Maths Sup, s’est convertie dans le stand up… Elle y parle de sa famille et en particulier de sa mère. Suite à un sketch au vitriol, mère et fille ne s’adressent plus la parole depuis bientôt trois ans. En manque d’inspiration, Louise décide de réapparaître dans la maison maternelle pour assister au grand événement familial : La fête des mères. Ce sera pour elle l’occasion de retrouver ses frères Gabriel et Ziggy, accompagnés de leurs conjoint.e.s. Alors que tout le monde fait connaissance, l’absence de la mère étonne puis inquiète. »

Si les retrouvailles égrènent sans surprise le traditionnel attachement indélébile à la mère comme les rivalités attendues au sein d’une fratrie, les personnages dessinés, souvent de traits grossiers, se montrent juste ce qu’il faut de bigarrés pour apporter leur lot de superbes et conférer à l’histoire une complexité qui la rend attractive. Des deux frangins Gabriel et Ziggy (un pur ’’tanguy’’ de souche celui-là), tous deux préférés à la sœur, en passant par Florence la petite copine de Ziggy qui pourrait être sa mère et Arthur, le compagnon de Gabriel qui disjoncte à souhait, l’aréopage hétéroclite nous réserve ses aléas façon « tu vas voir ce que tu vas voir, et encore t’as rien vu ».

Dès le début, le personnage de Louise se distingue, clé de voute du fil narratif et pivot hardi des rebondissements. C’est grâce à elle (et sans nul doute à l’incarnation de la comédienne), son abatage et son espièglerie que la structure dramaturgique brosse le poil des conventions et les transporte dans un contexte contemporain. Toutefois, et c’est là tout l’intérêt de cette écriture bien huilée, les allers-retours entre le kitch d’un passé proche et l’actuel d’un présent qui bouge, fonctionnent à plein régime, avec des allusions qui font illusion et des atouts matériels ou langagiers qui remportent la mise. Il y a comme une autodérision qui file tout le long, façon showroom d’humoristes. Ça dépote et ça déjante, c’est vachard et hilarant. À noter au cœur de la tempête déferlante, ce moment chanté suspendu qui offre une respiration poétique inattendue aux élucubrations furieuses des personnages.

La mise en scène d’Adèle Royné est adroite, vive et calée au cordeau. La direction de jeux au métronome est d’une efficacité redoutable. Les comédiennes et les comédiens n’ont plus qu’à s’en emparer et ils ne s’en privent pas. Johann Cuny, Aubin Hernandez, Florence Janas, Adrien Rouyard et Adèle Royné (hier soir) développent un jeu fluide au comique convaincant.

Un spectacle rondement mené. Un texte drôle et roublard. Une mise en vie réussie grâce à une interprétation remarquable.

Spectacle vu le 5 février 2025

Frédéric Perez

 

Un spectacle d’Adèle Royné. Collaboration artistique Guillaume Vincent. Texte de Vincent Gardet et Adèle Royné. Lumières de Corentin Favreau.

Avec Aubin Hernandez ou Grégoire Didelot, Florence Janas ou Virginie Colemyn, Cyril Metzger ou Johann Cuny, Adrien Rouyard ou Félix Back et Adèle Royné ou Manon Kneusé.

 

Photos © Thibault Camus
Photos © Thibault Camus
Photos © Thibault Camus
Photos © Thibault Camus
Photos © Thibault Camus

Photos © Thibault Camus

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