Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les yeux encore émerveillés et le sourire aux lèvres, nous sortons de l’Athénée, joyeux et totalement ravis par ce spectacle irrésistible. L’impression d’avoir retrouvé le temps d’un temps les plaisirs de l’enfance, quand une histoire remplie de fées et de sortilèges, une fois terminée, nous laisse groggy et heureux.

Mais ce n’est pas tout ! La certitude également de s’être laissés cueillir dans une forme théâtrale et musicale tout à fait singulière où un romantisme exagéré au burlesque ravageur nous fait passer sans cesse du premier au second degré, comme sur une balançoire où s'amuserait notre plaisir.

« La metteuse en scène Valérie Lesort reprend la féerie lyrique d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, parue en 1913, où se rencontrent les personnages de contes atemporels comme Cendrillon, Barbe-Bleue ou encore la fée Morgane… Cette folle histoire teintée de poésie, d’humour et de cruauté est portée par la musique de Félix Fourdrain et la fantaisie de l’orchestre des Frivolités parisiennes.  »

Le spectacle prend les allures et les atours d’un grand livre d’images. Chaque acte commence par une toile de scène où une vidéo illustre le titre d'un conte. Puis la musique s'élève, le rideau se lève, les situations et les personnages semblent figés, et tout à coup, comme une bande dessinée qui s'animerait, la féerie commence.

Dans cette féerie lyrique, retouchée par Valérie Lesort qui en a renforcé la dimension ludique, nous ne sautons pas de récit en récit. Les protagonistes évoluent d'un monde à l'autre. Les passages sont harmonieux et savoureux de drôlerie. Nous nous laissons porter dans un flux imaginaire sans attendre la narration intégrale des récits évoqués. De toute façon, chacun les reconnaît ou les recompose. L’essentiel est dans ce jeu par lequel nous nous laissons glisser d’échappée en échappée, de conte en conte.

Quel plaisir de retrouver à nouveau l’univers merveilleux de la metteuse en scène Valérie Lesort, sa signature aux effets truffés d’astuces, l’espièglerie régnante qui traverse toutes les scènes et ses clins d'œil à foison qui nous rendent complices sans que nous y prenions garde.

Valérie Lesort conjugue la féerie et la poésie du livret qu’elle a adapté avec une élégance roublarde où l’humour des illusions assaille le regard et l’écoute, et la drôlerie des situations nous cueille à chaque coup. Du gag à la posture en passant par des répliques actualisées qui font mouche, l’ensemble coloré et rythmé ne nous laisse aucun répit de plaisir. C’est succulent.

La mise en vie soignée et calée au cordeau de Valérie Lesort est étonnante par son côté ingénieux sans profusion de moyens, avec une technicité qui emprunte à la tradition de l’opéra à machines. La grandiloquence volontaire des effets est le produit d’une inventivité qui fonctionne à merveille. Les indications de jeu nous font penser aux déplacements latéraux des marionnettes à gaine derrière un castelet. À nouveau, disons-le, tout semble fait pour figurer l’univers magique de l’enfance, ses jeux à règle ou ses activités ludiques de recomposition du monde au travers notamment de contes connus ou inventés.

Il faut saluer les admirables performances techniques et artistiques qui se sont associées pour ce buffet de délices et de merveilles. La scénographie, les costumes et les décors de Vanessa Sannino. La création lumières de Pascal Laajili. Les chorégraphies de Rémi Boissy. La création des marionnettes et des masques de Carole Allemand. Et tous les artisans artistes qui les ont assistés.

Et puis il y a la superbe musique de Félix Fourdrain (1913, incroyablement efficace aujourd’hui encore). Une musique qui donne à chanter des airs pas si simples, aux mélodies pleines de charme et d’humour sur des rythmes toujours enlevés. Les compositions soutiennent l’action et rebondissent de scène en scène, œuvrant largement à l’esprit léger de la narration, tout en jouant sur les peurs et les victoires avec éclat. Les solistes et le chœur s’en emparent avec une aisance et une qualité vocale remarquables. L’harmonie avec l’orchestre est totale. C’est beau autant que bon.

L’esthétique d’ensemble est le résultat d’un travail aussi rigoureux qu'imaginatif. Une fantaisie musicale et théâtrale véritablement extraordinaire. Un spectacle à ne surtout pas manquer. C’est délicieux.

Spectacle vu le 8 avril 2025

Frédéric Perez

 

Musique Félix Fourdrain. Livret Arthur Bernède et Paul de Choudens. Mise en scène Valérie Lesort. Direction musicale Dylan Corlay. Cheffe de chant Delphine Dussaux. Conseiller artistique Christophe Mirambeau.

Les solistes : Anaïs Merlin, Julie Mathevet, Romain Dayez, Enguerrand De Hys, Lara Neumann, Camille Brault, Eléonore Gagey, Hortense Venot, Richard Delestre, Philippe Brocard, Lucile Komitès, Geoffroy Buffière.

Le chœur : Marion L'Héritier, Hortense Venot, Claire Naessens, Zoé Cassard, Célian D'Auvigny, Guillaume Durand, Angelo Heck.

Les danseurs : Benjamin Gouy-Pailler. Julie Galopin.

Et l'orchestre des Frivolités Parisiennes.

 

Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin
Photos © Fabrice Robin

Photos © Fabrice Robin

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :