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Du théâtre de braises intimes. ''Le Brasier'' de David Paquet appartient à cette lignée. Celle d’un théâtre qui fait crépiter la douleur sous l’ironie, qui murmure les failles de l’humain tout en tendant le miroir d’une vérité parfois grinçante. C'est un récit familial incandescent où les traumas se transmettent, où l’absurde s’entrelace à la tendresse et où la parole, inlassablement, tente de recoller les morceaux.
« Tandis qu'un bambin pyromane permet à trois sœurs de recréer des liens, deux jeunes marginaux se confient sur leur histoire d'amour extraordinaire. De son côté, une femme seule brûle d'un désir inavouable... Caustique à souhait, Le Brasier s’attaque à notre conscience collective défaillante et à l’immobilisme qui en résulte. »
Le texte de David Paquet, dramaturge québécois au ton si singulier, dont nous avions adoré ''Le poids des fourmis'', nous livre ici une partition fragmentée mais intensément cohérente.
Trois enfants, trois solitudes, un brasier.
Trois narrations croisées, portées par trois comédiens qui incarnent subtilement ces personnages improbables avec la délicatesse des êtres cabossés. Enfants d’une lignée marquée par la violence, ils tentent chacun à leur manière de briser le cycle. Parler aux objets, tenter d’aimer maladroitement ou encore sublimer son chaos personnel dans le mensonge et le fantasme. Ce ne sont pas des caricatures, ce sont des cœurs nus, profondément humains.
Le ''Brasier'' du titre devient la métaphore d’un feu intérieur que chaque personnage porte en lui. Brûlure de l’enfance, flamme de la colère, chaleur du pardon possible. La pièce traverse nombre de questions sur la transmission familiale. De la violence d'événements tragiques qui laissent des traces et façonnent des vies, en passant par les tentatives de faire face à ses pulsions et à son passé.
Paquet joue sur les mots, les images, les ruptures de ton avec une maîtrise déconcertante. Il y a de l’humour souvent noir et bien sûr absurde, et toujours ce tremblement sous-jacent d’un drame qui ne dit pas son nom. On rit oui, mais d’un rire inquiet.
Sarah Chovelon capte cette humanité avec une mise en scène organique qui refuse le pathos comme la grandiloquence. Elle choisit la proximité, la clarté, la suggestion. Tout est affaire de rythme, de débit et de souffle, de silences assumés.
Les comédiens Thomas Agathocléous, Elodie Chouicha et Sarah Chovelon se jettent dans ce brasier avec une sincérité désarmante. Pas de surjeu, pas d’effets. Une écoute active, une présence pleine. Chacun habite son personnage avec un mélange de distance pudique et d’intensité fragile. On les regarde, on les croit, on les accueille.
Du théâtre comme on aime, rempli de décalages, d'absurde et de conviction, qui interroge sans imposer, qui dérange avec tendresse, qui laisse une trace. Un spectacle d'une originalité éblouissante. Un vif plaisir.
Spectacle vu le 6 juillet 2025
Frédéric Perez
De David Paquet. Mise en scène de Sarah Chovelon. Création lumière de Eléonore Gond. Costumes de Amandine Penigot. Coordination de Juliette Charré-Damez. Vidéo de Victor Gélis. Photographie de Yann Slama.
Avec Thomas Agathocléous. Elodie Chouicha et Sarah Chovelon.
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