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Ah ça mais, j'en ai vu des versions des Exercices de styles ! cet ouvrage littéraire singulier de Raymond Queneau datant de 1947. Des versions représentées façon théâtre pur ou allant jusqu’au clownesque, sauce burlesque. En solo ou en duo. Toutes singulières et toutes plaisantes. Mais jamais encore avec cette approche musicale comme nous le proposent ici les Quatr'à Strophes. Un délice !
Œuvre emblématique de la littérature expérimentale, ce texte désormais mythique illustre de manière ludique et rigoureuse les possibilités infinies de variation stylistique à partir d’un même contenu narratif. Queneau, qui fut cofondateur de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), inscrit cet ouvrage dans une démarche où la contrainte formelle est source de créativité.
Et voilà que ces quatre dames, les Quatr’à strophes, s’emparent des Exercices de styles à leur manière. Et quelle manière ! Elles apportent avec une surprenante créativité une touche musicale nuancée, entremêlée aux textes. À l’aide de leurs instruments, le violoncelle (Mathilde Comoy-Robert), la flûte traversière (Fabienne Landès), l’accordéon (Émilie Marzilli) et bien sûr la parole (Ann Conoir), elles nous embarquent dans une traversée étonnante tant elle est inattendue et singulière. Ce parti pris de marier texte et musique renforce la dimension poétique de cette anecdote passée au tamis de la variation. Une poétique musicale s'installe et nous enveloppe, se promenant avec aisance sur les allées des strophes parfumées de drôlerie. L'espièglerie de l'ensemble est savoureuse, l'échappée belle est garantie.
C’est une floraison rieuse et virevoltante qui, si elle révèle la virtuosité de l’auteur, est une belle démonstration de son plaisir à triturer le langage en le baignant dans une musique riche, on ne peut mieux adaptée. La possibilité de transformer un récit insignifiant en un laboratoire d’expériences stylistiques, avec beaucoup d’humour ou d’ironie, chère à Raymond Queneau, trouve ici des éclats nouveaux. Ce spectacle relaie en lui donnant une force particulière les questions originelles posées par Queneau sur la place de l’imaginaire dans la fabrication et la compréhension d’une "histoire", et comment la forme peut être plus signifiante que le contenu.
L’originalité de ce spectacle est à saluer. Tout fonctionne à merveille. La musique composée par Nicolas Dru, la mise en scène efficace sans fioritures de Benoît Gruel et Didier Landès, les jeux instrumentaux et de comédie. Un joli et bon moment. Une découverte que je recommande vivement.
Spectacle vu le 23 juillet 2025
Frédéric Perez
D'après Raymond Queneau. Mise en scène Benoît Gruel et Didier Landès. Composition musicale Nicolas Dru. Création lumière Didier Landès.
Avec Ann Conoir, Mathilde Comoy-Robert, Fabienne Landès et Émilie Marzilli.
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