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François Rivière signe une nouvelle fois une pièce forte et sensible. La mise en vie du récit joue sur l’atmosphère sombre et mystérieuse de la guerre et l’après-guerre dans le Paris de 1945. Période de transition, de cicatrices et de secrets enfouis pour camper le contexte d'une histoire qui questionne la manière dont les secrets de famille et les traumatismes historiques façonnent des vies.

« Paris, 1945. Henry Vernot est à la recherche de son frère, Antoine, disparu sans laisser de trace. Le seul moyen de le retrouver, c’est de mettre la main sur un tableau, ou plutôt ce qu’il y a à l’intérieur… Victime d’un passé qu’il aimerait oublier, la recherche de son frère va exhumer une vérité honteuse, qu’il aurait aimé garder secret. Paris, 1945. C’est l’histoire d’Antoine et Henry Vernot. »

La pièce évoque la difficulté de faire face à la vérité, surtout lorsque celle-ci remet en cause, au delà des certitudes ou des valeurs, le confort du secret par peur du dévoilement. La recherche d’Henry devient une métaphore de la nécessité de briser le silence pour avancer. Comment la recherche d’un simple objet devient le catalyseur de révélations et de rebondissements, de renoncements et de compromissions ?

François Rivière, comme à son habitude, parvient à mêler habilement suspense, émotion et réflexion, tissant une narration riche et bouleversante qui nous fait ressentir la complexité des sentiments, la douleur du secret et l’espoir d’une réconciliation avec soi-même.

Le texte interroge sur la culpabilité et la rédemption, sur la douleur de la perte et la quête de vérité dans un contexte historique chargé. La tension monte à mesure que les secrets du passé refont surface, dévoilant les aspects douloureux du parcours individuel, de l’histoire familiale et collective. 

La narration devient de plus en plus intense dans une atmosphère à la fois sombre et pleine d’espoir, portée par des personnages authentiques qui doivent affronter les ombres du passé, même celles qu'ils préféreraient oublier.

La mise en scène précise et inventive de l’auteur crée les conditions pour servir le texte avec fluidité dans une habile scénographie mobile de Romane Perron. Le naturalisme réaliste des jeux prévaut. Bousculé par moments par des scènes plus floutées dont la dimension onirique vient s'interposer à la narration formelle du récit. Ce parti pris apporte un nuancier romanesque judicieux qui allège la rudesse de l'histoire et permet à la fiction de prédominer sur le récit mémoriel.

Les deux comédiens sont impressionnants tant ils sont totalement investis. La sincérité troublante de leurs jeux est prégnante et fait mouche. Malou Gilbert, que nous découvrons ici, se montre véritablement remarquable de justesse et d’agilité dans l’incarnation de plusieurs personnages. Romain Poli, que nous retrouvons avec plaisir, est toujours aussi brillant et convaincant. Il sait nous faire ressentir l'émotion qui traverse le personnage d'Henry avec adresse et sans appui.

Voici un moment de théâtre d’acteurs servi avec brio. Les amateurs de récits riches en émotion et en mystère seront ravis par ce spectacle. Je recommande.

Spectacle vu le 5 juillet 2025

Frédéric Perez

 

Texte et mise en scène de François Rivière. Collaboration artistique de Romain Poli. Scénographie de Romane Perron. Création lumière de Sarah Dancer. Création son de Lucien Pesnot. Graphisme de Jérôme Poli.

Avec Malou Gilbert et Romain Poli.

 

Photos © Jérôme Poli
Photos © Jérôme Poli
Photos © Jérôme Poli

Photos © Jérôme Poli

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