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Nous retrouvons avec joie Les Mangeurs de lapin dans leur nouveau spectacle aussi décalé et extravagant que d'habitude. Une mécanique loufoque et burlesque débordante de gags totalement barrés. Les quatre acolytes, complices et excentriques à souhait, se partagent la scène en se la disputant dans l’esprit d’un music-hall déjanté. Ils déclenchent en permanence l’hilarité générale.

« Un carnet de voyage aussi loufoque que déjanté. Irrésistibles pince-sans-rire, ces clowns des temps modernes nous invitent à les accompagner dans cette nouvelle et folle aventure avec, dans leurs valises, d'incroyables numéros de music-hall et de cirque. »

Le spectacle est une déclaration d’amour au ratage, à la maladresse, à l’incompétence feinte et sublimée. C’est une farandole de loupés avec panache. Cette troupe burlesque improbable est composée par Dominic Baird-Smith, Jean-Philippe Buzaud et Sigrid La Chapelle, accompagnés du musicien Jorge Migoya, artisan essentiel de cette fantaisie musicale et scénique.

Les quatre comparses, faussement naïfs, déroulent une suite de numéros empruntant aux codes du cabaret, du cirque, du vaudeville, du théâtre d’objets et de l’absurde. Rien de linéaire ici, mais une mosaïque d’instantanés dont la logique interne échappe à toute tentative de rationalisation. C’est la force du spectacle, ce refus opiniâtre de la cohérence, ce désordre joyeux où l'on ne sait jamais si l’on rit des personnages ou avec eux.

Dominic Baird-Smith, silhouette longiligne et voix qui traîne comme dans un vieux blues, campe des figures de dandy raté, de magicien dépassé, de maître de cérémonie trop zélé. Il est de ceux qui font rire par l’accumulation de détails minuscules, par cette manière de faire dérailler la mécanique du jeu à force de trop bien vouloir la contrôler. C’est par ailleurs un excellent jongleur.

À ses côtés, Jean-Philippe Buzaud, énergumène nerveux et imprévisible, insuffle une énergie plus explosive, plus frontale. Il fait du corps un instrument déréglé, à mi-chemin entre Buster Keaton et un pantin désarticulé.

Sigrid La Chapelle, lui, apporte une présence différente. Une élégance faussement classique, qui dissimule un goût certain pour l'absurde et la démesure. Il ne joue pas à être drôle, il l’est, parce qu’il tient ses personnages avec une précision de funambule.

Mais rien ne fonctionnerait sans la partition subtile de Jorge Migoya. Présent sur scène, il ne se contente pas d’accompagner, il dialogue, ponctue et commente. Il est le quatrième mangeur, celui qui donne une matière aux silences, qui transforme un simple déplacement en événement comique. Sa musique, tour à tour jazzy, brinquebalante, mélancolique ou grotesque, agit comme une colle invisible entre les morceaux épars de ce puzzle spectaculaire.

Les Mangeurs de Lapin, c’est l’art de faire surgir la beauté dans l’échec, la roublardise et l'intelligence dans la bêtise, l’émotion dans l’absurde. Le public rit souvent, fort, très fort. Mais aussi avec un étonnement enfantin, avec cette sensation singulière de ne plus savoir où l’on est, ni pourquoi l’on rit. Et c’est peut-être cela, la véritable réussite de ce spectacle. Recréer, le temps d’un temps, un espace où le monde semble vaciller mais où l’on est heureux de vaciller avec lui.

Cette troupe devient culte, leurs spectacles aussi. Incontournable et magique moment de rires. Je conseille vivement, cela fait un bien fou.

Spectacle vu le 21 juillet 2025

Frédéric Perez

 

De et avec Dominic Baird-Smith, Jean-Philippe Buzaud et Sigrid La Chapelle. Et avec Jorge Migoya  pour la musique.

 

Photos © DR
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