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Le rideau se lève sur un petit appartement où deux hommes se retrouvent sans s’être donné rendez-vous. Ils ne se connaissent pas, enfin presque. Pourtant, ils ont un point commun, ils attendent la même femme dans ce huis clos singulier et étonnant qui va nous tenir en haleine tout le long.

"Dans un appartement sous les toits, deux hommes se rencontrent, se jaugent, s'affrontent. Elle arrive... Dans l’espace clos de cette heure suspendue, chacun tente de comprendre l’autre, de deviner ses intentions, ses faiblesses. Ils n’ont qu’une heure... Une heure pour se convaincre... Tout ce qu’ils savent, c’est que cette heure marquera un avant et un après. Entre tension et silence, entre jalousie et désir, chaque instant devient crucial."

Ces deux hommes vont au fil du récit se dévoiler un peu, se jauger beaucoup, se confier peut-être. C’est dans cette valse-hésitation que la pièce encre sa force. On ne sait jamais vraiment ce que chacun pense, encore moins ce qu’ils dissimulent. Ce flou, savamment entretenu, alimente une tension douce, presque feutrée, qui ne lâche jamais le spectateur. Puis, cette incertitude latente va s'évaporer imperceptiblement et laisser entrevoir ce qui se joue réellement entre eux.

L’écriture de Sylvain Meyniac dose parfaitement ses effets. Pas de longs monologues. Tout se joue dans les regards, les silences, les mots glissés ou jetés, les indications de confidences, comme un combat sans autres armes que les mots. L’absente, cette femme qu’ils attendent tous deux, devient un personnage à part entière. Jamais présente, elle est pourtant partout. Dans les souvenirs ardents qu’on évoque, les jalousies sous-tendues à la violence rentrée et les compromissions négociées avec insistance. Quelle femme est-elle donc pour déclencher une telle passion ?

Qu’attendent-ils l’un de l’autre ? Quel est le véritable enjeu de leurs échanges ? Le récit le dira après moult circonvolutions et rebondissements, nous faisant cheminer sans se perdre tout à fait dans un labyrinthe de piques tendres et de ressentiments ténus, et dont la sortie sera trouvée à la toute fin de la narration.

Sur scène, Thierry Frémont et Nicolas Vaude offrent une formidable performance pleine de nuances. L’un tendu, presque nerveux,  l’autre plus lisse en apparence, mais tout autant sur le fil. Leur duo fonctionne à merveille. Ils incarnent deux hommes pris dans une situation qui finit par les dépasser un peu. Un jeu brillant, maitrisé de bout en bout.

La mise en scène de Delphine de Malherbe est à l’image du texte, sobre, précise, sans fioritures et sait donner à la pièce une tonalité intimiste, propice à la confession ou à la confrontation.

Une heure à t’attendre est une pièce de regards, de mots pesés et de zones d’ombre. Du théâtre d’acteurs comme on aime où tout se joue dans l’instant. À voir, à ressentir et à savourer avant tout pour la superbe prestation de Thierry Frémont et Nicolas Vaude.

Spectacle vu le 10 juillet 2025

Frédéric Perez

 

 

De Sylvain Meyniac. Mise en scène de Delphine de Malherbe. Lumières de Stéphane Baquet. Décors de Catherine Bluwal.

Avec Thierry Frémont et Nicolas Vaude.

Photos © Patrick Carpentier
Photos © Patrick Carpentier
Photos © Patrick Carpentier
Photos © Patrick Carpentier

Photos © Patrick Carpentier

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