Passion pour le théâtre surtout, pour la "Chose Artistique" en général, nous publions ici nos critiques et partageons des coups de cœur. Dans tous les cas, nous ne parlons que de ce que nous avons aimé. Contact : Frédéric Perez, membre du syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse.
Zelda ou la folle vie !... Inspirée de la vie de Zelda Sayre, épouse de Francis Scott Fitzgerald, cette pièce de Christian Siméon décrit en les colorant les derniers instants de cette femme émancipée avant l’heure, trouble comme troublée et follement vivante. Le tout, dans le contexte sulfureux des années folles et de la Génération Perdue.
Nous la voyons revivre des bribes de son histoire, ses plaisirs et ses amours, jamais ses regrets. Enfermée dans sa folie, elle nous fait rire, elle nous surprend, elle nous emporte dans son imaginaire où désirs et souvenirs se mélangent, et dont elle sort parfois pour partager, de traits lucides et savoureux, ses commentaires sur sa vie quotidienne dans cette clinique psychiatrique où elle mourra brulée.
Folle de tout et folle de riens, elle a croqué sa vie à pleine dents comme on croque des instants par des dessins rapides et précis, au débotté, façon caprice, toujours haletante. Elle nous en parle, elle la revit, nous laissant rêveurs comme des jaloux, voyeurs amourachés de son audace aussi brillante et novatrice pour l‘époque que vaine et dérisoire pour sa propre vie. Elle qui semble jouer d’elle-même comme des autres, cherche le plaisir jusqu’au bout de ses rêves où elle trouvera la folie.
La mise en scène de Michel Fau construit un univers extravagant, décalé et démesuré, jouant avec les dimensions des objets et des espaces, les ruptures et les oppositions d’expression dans les jeux.
Bertrand Schol joue Francis Scott Fitzgerald avec précision et justesse pour une partition qui n’est pas facile. Présence permanente sur le plateau. Quelques répliques qui fusent. Nickel.
L’interprétation de Claude Perron est majestueuse, somptueuse et enjôleuse. Cette comédienne va chercher Zelda dans tous ses retranchements, avec grâce, humour et intensité. Elle passe du drôle au pathétique, on n’a rien vu venir. Ce n’est pas fréquent de rencontrer une telle énergie sur scène, incroyable et spectaculaire. Du grand art.
Un spectacle comme un grand et beau rêve éveillé : drôle, surprenant et superbe.
Du mardi au dimanche à 18h30 – 2 bis rue Franklin Roosevelt, Paris 8ème – 01.44.95.98.21 – www.theatredurondpoint.fr