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Marianne et Roland de rencontrent à l’occasion d’un barbecue chez des amis. Ce qui aurait pu être une simple et belle histoire devient tout à coup un tourbillon de pensées, un torrent d’hypothèses, un ravage d’images qui se précipitent et se décalent pour se recaler peut-être, autour d’une fiction qui serait une ponctuation finale, ou pas.

Nick Payne crée cette pièce en 2012. Son texte, d’une adresse redoutablement efficace, explore plusieurs facettes des mêmes séquences de vie de Marianne et Roland… Jusqu’à nous prendre et surprendre dans un monde de différents possibles.

Monde étrange, prodigieusement spectaculaire et évident pour faire théâtre. Celui des multivers de la physique quantique appliquée aux variations de la relation humaine, de l’approche amoureuse, de son éclosion ou de sa fanaison mais aussi celui des quêtes identitaires multiples, croisées, laissées au hasard quantique de l’aléatoire et de l’imprédictibilité.

C’est génial, c’est prenant, c’est surprenant et c’est touchant aussi. Pour ce que nous voyons et devinons, pour ce que nous comprenons et recomposons et pour ce que nous projetons de nous-même et des autres.

A ce petit jeu des perturbations de la vie qui bouscule le temps, l’espace, le sentiment ou la perception du réel, nous pourrions nous perdre, nous sentir déroutés mais non cela fonctionne, plutôt très bien d’ailleurs. Comme une valse lente qui s’emballe peu à peu, voici une expérience théâtrale singulière qui fait penser à ces jeux d’enfants qui commencent par : « et si… ? ».

Il ressort de ce spectacle l’impression forte et savoureuse d’avoir assister à un combat ludique et mirifique pour la quête de soi, de l’autre, de l’altérité. Pour l’effondrement des murs qui empêchent, la fonte de idées qui obligent. Comme une ode de deux Spartacus pour la liberté de choisir, d’aimer à sa guise, de pouvoir dire oui ou non.

La mise en scène et la scénographie de Arnaud Anckaert se sert de toutes les possibilités de théâtralisation. Le son, la lumière, le décor, la posture, le regard, le toucher, le mouvement, le silence, l'intonation, le débit des phrases. Tous ces éléments composent un ensemble cohérent et riche, complémentaire et captivant.

Bien sûr, une telle partition faite de codas, de reprises, de variations (parfois d’un mot, d’une idée, d’une inversion) et de mélange de séquences dans l’espace-temps de la pièce, demande une virtuosité de jeux. C’est réussi ! Noémie Gantier et Maxence Vandevelde sont éblouissants de sincérité, de sensualité et de pluralité. Un remarquable travail d’interprétation.

Un spectacle comme une expérience théâtrale magique et ludique servant un questionnement sur le libre-arbitre et le choix, admirablement bien joué. Un superbe temps de théâtre.

 

Texte de Nick Payne, traduit par Séverine Magois (première création française). Mise en scène de Arnaud Anckaert. Scénographie de Arnaud Anckaert en collaboration avec Olivier Floury. Lumière de Martin Hennart. Musique de Benjamin Collier. Costumes de Alexandra Charles. Régie générale de Olivier Floury. Assistanat à la mise en scène de Anna Dewaele.

Avec Noémie Gantier et Maxence Vandevelde.

 


Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à 16h00

Cartoucherie, route du Champs de Manœuvre, Paris 12ème

01.43.74.99.61 www.theatredelaquarium.net

 

- Photo © Bruno Dawaele -

- Photo © Bruno Dawaele -

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