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Théâtraliser cette nouvelle de Jack London sur un petit plateau de théâtre relève du défi technique et artistique. Pari tenu, défi gagné. La mise en vie, en jeux et en images, donne au récit une vraisemblance incroyable.

 

L’épopée déchirante de cet homme, juste accompagné de son chien, qui affronte les pires dangers de survie dans une marche solitaire sur un immense espace enneigé du grand nord canadien nous captive et nous emporte. Un voyage vers l’impossible, une quête de dépassement de soi, une performance physique et peut-être métaphysique, nous tiennent en haleine et en émotions. Car jusqu’au bout on ne sait pas s’il va réussir.

 

Narrations et jeux mêlés fonctionnent à merveille. Il se dégage de ce récit une authenticité flagrante. L’approche quasi féérique des événements nous fait pénétrer par moments dans l’univers onirique d’un conte. Puis non, nous retrouvons très vite le strict et implacable réalisme de ce qui est dit et décrit. Nous ressentons le froid intense, nous espérons que ce feu prendra. Celui-ci ou un autre. Car il faudra bien que cet homme s’en sorte, il ne doit pas périr gelé.

 

Et puis il y a ce narrateur qui semble précéder ou poursuivre l’homme dans ses actions. Son humour soulage de l’effroi autant qu’il nous glace quand il décrit le danger qui aurait pu être évité. Il murmure parfois quand il s’adresse à l’homme, se voulant complice, tentant presque de l’aider de conseils qui arrivent trop tard.

 

Et puis il y a ce chien qui nous fait ressentir les craintes instinctives, les appréhensions devant le danger ou l’inconnu.

 

Mais l’homme ne les entend pas. C’est une marche solitaire. C’est une marche de courage et de survie. C’est une marche vers l’impossible.

 

La scénographie de Marc Lainé est d’une précision et d’une inventivité ahurissantes. Nous sommes habitués désormais à l’utilisation de la caméra en direct sur un plateau de théâtre. Mais il y a là un usage savoureux et prégnant. Ce que les images vidéo nous montrent, nous n’aurions pu le voir sans cette technique particulièrement bien maitrisée. Du très bel ouvrage.

 

L’interprétation précise, ciselée et pénétrante nous cueillent dès le début. Nous sommes pris, engloutis par l’histoire et le merveilleux qui s’en dégage. Jusqu’au bout, nous y croyons, jusqu’au bout nous espérons. Alexandre Pavloff, Pierre Louis-Calixte et Nâzim Boudjenah sont troublants. Leur intensité nous touche, l’émotion nous gagne et nous tient. Ils nous emportent dans cette aventure. Du très grand art.

 

Un spectacle étonnant et passionnant de bout en bout, réalisé avec excellence et magistralement interprété. Incontournable création de rentrée de la Comédie-Française.

 

 

 

 

Spectacle vu le 15 septembre 2018,

Frédéric Perez

 

 

 

De Jack London. Traduction de Christine Le Bœuf. Version scénique, mise en scène, scénographie et costumes de Marc Lainé. Lumière de Kévin Briard. Vidéo de Baptiste Klein. Son de Morgan Conan-Guez. Collaboration à la scénographie de Stephan Zimmerli.

 

Avec les comédiens de la troupe de la Comédie-Française : Alexandre Pavloff, Pierre Louis-Calixte et Nâzim Boudjenah.

 
 

Jusqu’au 21 octobre
Du mercredi au dimanche à 18h30
Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris 1er
01.44.58.15.15 www.comedie-francaise.org

 

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

- Photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française -

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