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Un spectacle au charme fou des contes de fées (et de sorcières !) où la peur voisine avec la joie, la désespérance avec le désir et où les sentiments nobles rebondissent jusqu’à la fin, se déjouant des pièges et des obstacles. Dans ce spectacle, tout le long, il y a de l’émotion dans l’air, il y a de la beauté dans l’émotion.

 

Une adaptation et une mise en scène signées par Géraldine Martineau. C’est sa première expérience avec la Comédie-Française, qui se révèle une réussite totale. Cette jeune et talentueuse artiste fait ressortir le merveilleux et la magie du conte avec une efficace simplicité et une astucieuse fluidité, qui captive le public, petits et grands, par une façon de récit haletante et apaisante à la fois. On y croit jusqu'au bout et on se laisse prendre par les aléas et les surprises comme par les enjeux et la progression de l’histoire.

 

« La petite » … Oui là je reconnais, c’est périlleux. J’espère que la Petite Sirène ne me lira pas au risque que son chant vienne m’envouter jusqu’à la fin des temps. Car je le sais, je l'ai vu, j'y étais !... Elle n’aime pas qu’on l’appelle ainsi, mais je la laisse vous dire pourquoi quand vous la verrez.

 

La Petite Sirène, à l’anniversaire de ses quinze ans, va enfin pouvoir sortir du pays des eaux pour aller découvrir le pays de la terre. Voyage périlleux aux allures d’épreuve initiatique où elle fait la rencontre d’un prince quelle sauve de la noyade et dont elle est aussitôt éprise. Revenue auprès des siens, elle n’a de cesse de vouloir retourner sur terre. L’amour l’a prise, amour qu’elle espère réciproque. Elle revient sur terre, souhaitant se marier avec le prince, malgré les risques auxquels elle accepte de s’exposer. Risques qui pourraient devenir des dangers implacables et irrémédiables. Réussira-t-elle à vivre son amour qui transformerait sa vie ?

 

Les messages du conte sont multiples, symboliques et signifiants. Ils traversent le récit comme des nuages poussés par le vent, on ne les voit que si l’on y regarde…

 

La métamorphose qui renvoie à la puberté, à ses transformations physiques et psychologiques. La mutilation, possible symbole du concept de castration, annonciateur du désir. La quête de son identité propre, avec ce dedans-dehors de son monde d’avant, indiquant également sa volonté de grandir. Et ce magnifique désir de connaissance, présent et relayé par la grand-mère, approprié par « la petite » (« la petite », arrgh je crains le pire !).

 

Nous sommes littéralement emportés, la raison chahutée par de nombreuses sensations. Le décor et la scénographie, sans aucun artifice inutile et avec juste ce qu'il faut de réalisme, suggère, évoque, souligne. L’ensemble fait appel à l’imaginaire du public, le laissant libre d’illustrer sa rêverie. Les personnages nous racontent, nous indiquent, nous interpellent et nous plongent dans cette espace magique et poétique du conte où le merveilleux domine.

 

La troupe de la Comédie Française, à nouveau, nous offre une interprétation flamboyante. Adeline d’Hermy est envoutante, énigmatique, d’une sincérité troublante, une bien belle Sirène. Danièle Lebrun est tout simplement magistrale, on aime cette grand-mère, on craint cette sorcière, on s’amuse de cette noceuse, on ne voit rien venir. Jérôme Pouly, Claire de La Rüe du Can et Julien Frison nous distillent la bienveillance du père du Prince, de la sœur de la Petite (« la petite », chut !) et du Prince, avec beaucoup de charme et de tendresse, et une superbe fougue.

 

Un spectacle de haute qualité, beau, adroit et captivant. Une interprétation éblouissante. Un rendez-vous incontournable que j’ai plaisir à recommander.

 

Spectacle vu le 15 novembre 2018,

Frédéric Perez

 

 

D'après Hans Christian Andersen. Adaptation et mise en scène Géraldine Martineau. Scénographie Salma Bordes. Costumes Laurianne Scimemi Del Francia. Lumières Laurence Magnée. Musique originale Simon Dalmais. Son François Vatin. Travail chorégraphique Sonia Duchesne. Collaboration artistique Sylvain Dieuaide.

Avec la troupe de la Comédie-Française : Jérôme Pouly, Adeline d’Hermy, Danièle Lebrun, Claire de La Rüe du Can et Julien Frison. Avec les voix de Françoise Gillard et Anna Cervinka et la voix chantée de Judith Chemla.

 

Du mercredi au dimanche à 18h30
99 rue de Rivoli, Paris 1er
01. 44.58.15.15 www.comedie-francaise.fr

 

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

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- Photo © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française -

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