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Ce spectacle est une gifle de réalité sociale. Tiré d'un roman court de Masimo Carlotto, publié en 2004, ce monologue d'une violence directe semble fait pour interroger notre regard sur la société contemporaine, pour y réfléchir un peu plus, pour ne pas être dupe de ce qui nous entoure.

 

Juliette nous fascine. Juliette raconte, digne et résignée. Ce qu’elle nous dit est proche et banal. Ce qu’elle nous dit est terrifiant. Elle nous invite crûment dans sa folie tissée au fil des jours par un désespoir sans répit.

 

C’est une plongée dans les entrailles de la misère d’aujourd’hui vécue par une femme qui pourrait être notre voisine, notre cousine ou bien la dame que nous avions croisée dans l’escalier de l’immeuble il y a plusieurs mois et que nous retrouvons tendant la main dans une rame de métro.

 

Il ne s’agit pas là de pauvreté seulement mais de misère totale. Misère morale, culturelle, économique et affective. Celle, fourbe, où les clichés et autres stéréotypes servent de formules toutes faites pour comprendre ou expliquer le monde. Celle, cruelle, où les désirs se fondent dans des rêves improbables et des nuées d’alcool. Celle, insidieuse, où les aspirations au bonheur sont dictées par la consommation prescrite et par les diktats des médias populistes. Celle, redoutable, où l’imaginaire n’est plus pensé mais instillé dans les têtes par les séries et journaux télévisés de grande audience. Pire encore, celle de la télé-réalité où la puissance d’auto-projection permet de vivre heureux par procuration.

 

Privée de sens critique pour cause d’excès de pourritures entendues, avalées ou rognées, Juliette survit en sublimant l’avenir de sa fille et en fixant sa rage compulsive sur les démons officiels que sont les émigrés, le chômage et le manque d'argent. Elle décrit son quotidien ballotté entre les ménages faits chez les bourgeois et les courses alimentaires calculées au centime près. Elle parle de sa vie amoureuse comme d'un échec fatal et subi. Mais surtout, Juliette s'enferme dans sa folie pour ne pas accepter son mal de vivre et n'a de cesse d'espérer : Sa fille la transcendera ou rien !... Rien, plus rien au monde.

 

La mise en scène de Fabian Ferrari mène le jeu à l’essentiel, faisant ressortir la férocité et l’humour piquant des messages portés par le texte de Massimo Carlotto. Ce monologue puissant, cynique et dévastateur est admirablement joué par Amandine Rousseau. Cette comédienne incarne avec finesse Juliette dont elle sait nous montrer la destruction intérieure. Elle joue avec force et précision la vie de cette femme perdue. Elle restitue avec chaleur et tendresse l'amour meurtri d'une mère. Elle est étonnante, émouvante et nous captive de bout en bout.

 

Un spectacle dans la pure lignée du théâtre social, riche et percutant. Une gifle qui fait du bien à nos consciences. Une réussite incontournable !

 

 

Spectacle vu le 25 novembre 2016,

Frédéric Perez

 

 

De Massimo Carlotto. Mise en scène de Fabian Ferrari. Interprétation d’Amandine Rousseau.

 

 

À partir du 21 janvier

 

Les mardis et les mercredis à 21h00,

puis en février et mars les mardis à 19h00 et les mercredis à 21h00

 

5 rue Blainville, Paris 5ème

01.42.01.81.88 www.theatredelacontrescarpe.fr

 

 

Reprise au théâtre de la Contrescarpe de RIEN PLUS RIEN AU MONDE
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