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Un huis-clos intense qui s’inscrit dans les retrouvailles d’une fratrie, sur les non-dits qui percent, les rancœurs qui émergent et cheminent, et les révélations aux portées d’importance.

« Après treize ans passés sans se voir à la suite d’une rivalité amoureuse, Philippe rend visite à Andrew, son demi-frère, pianiste virtuose et mondialement connu. Il apporte avec lui une vieille valise ayant appartenu à leur père, qui fut écrasant pour Philippe et absent pour Andrew… »

Un moment de théâtre riche en sensations floutées ou manifestes, qui transporte tout le long une émotion puissante portée par les jeux littéralement stupéfiants de Niels Arestrup et de François Berléand. Une interprétation imposante et véritablement remarquable.

Les comédiens brillent de tout leur art. Deux frères meurtris qui se toisent, replongés tout à coup dans l'enfance qui remonte sans qu'elle soit attendue. Deux bêtes blessées qui se jaugent avant de s'attaquer.

Nous assistons à la lutte d’un tandem infernal dont on ne peut alors connaitre l’issue, progressant de la réserve aux confidences, de postures intimidantes aux invitations conciliatrices, les propos toujours chargés de reproches. Des respirations à peine appuyées aux éclats de voix retentissants en passant par des doigts qui pointent, des mains qui effleurent ou qui touchent. Une joute saisissante, un duo-duel magique. C’est impressionnant.

L'écriture de Isabelle le Nouvel présente l'argument avec une simplicité fonctionnelle adroite. Le texte entretient la narration en n'évitant pas des redondances maquillées fort heureusement par des répliques cinglantes et doucereuses qui fonctionnent comme des flèches. La mise en scène épurée de Jérémie Lippmann est réduite habilement à l'essentiel, centrée sur le texte et les jeux qui suffisent amplement il est vrai à occuper le plateau et attirer notre attention.

L'affection mutuelle des personnages de Philippe et Andrew est ténue, elle sourd tout le long et émerge par moments, nous offrant de sublimes pics d'émotions. Les souffrances que seule une entente pourrait peut-être apaiser se voient tout en ardeur sensible et en fragilité fébrile dans un subtil jeu de miroirs inversés. Souffrances qui se reflètent dans le regard de l'un et de l'autre. C’est magnifiquement rendu et éblouissant de vérité.

Un spectacle qui repose avant tout sur le brio de l’interprétation, où la tension entre les personnages saisit et suspend le fil de l’imaginaire entre réalisme et mémoire, observation et introjection. Une magistrale leçon de théâtre à savourer.

 

Spectacle vu le 14 octobre 2021

Frédéric Perez

 

De Isabelle Le Nouvel. Mise en scène de Jérémie Lippmann. Assistantes à la mise en scène : Sandra Choquet et Alexandra Luciani. Décor de Jacques Gabel. Costumes de Virginie Montel. Lumières de Joël Hourbeigt. Musique de Sylvain Jacques.

Avec Niels Arestrup et François Berléand.

 

 

Du mercredi au vendredi à 21h00,

Le samedi à 16h30 et 21h00, le dimanche à 15h00

4 rue Monsigny, Paris 2ème

01.86.47.72.43 www.bouffesparisiens.com

 

 

Photo © Céline Nieszawer

Photo © Céline Nieszawer

Photo © Céline Nieszawer

Photo © Céline Nieszawer

Photo © Céline Nieszawer

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