Un festival de mots qui nous éblouissent de leurs tendres éclats de poésie et de leurs coups de semonces, extraits de la prolifique production littéraire de René de Obaldia, 103 ans au compteur des années, quelques instants au bonheur de sa présence.
« René de Obaldia est un jeune centenaire : il vient de fêter son 103ème anniversaire ! François Marthouret traverse, avec la douce gravité et la tendre causticité dont il a le secret, l’œuvre de ce savoureux poète… »
Un bien bel hommage est ici donné par François Marthouret, coloré par la musique au piano de Vadim Sher. Un spectacle touchant, truffé d’humour, grâce auquel nous savourons des morceaux choisis parmi trois œuvres emblématiques : Le Centenaire, Exobiographie et Les Innocentines.
Un spectacle où règne une ambiance allègre et profonde à la fois. La pensée chemine là où la raison et l’émotion se rejoignent souvent, nous piquant d’une tendre dérision et nous enveloppant d’un onirisme poétique chaleureux. La musique et les mots se confondent habilement, malgré un petit déséquilibre entre la puissance sonore du piano qui frappe et la vigueur de la voix du comédien, jusqu’à le masquer parfois quand sa parole joue de douceurs câlines ou de traits ténus et complices. La salle du Petit Poche est sans doute un défi pour cela.
François Marthouret est un diseur merveilleux. Le rythme de sa diction, le timbre de sa voix, les intonations et les césures qu’il place dans le texte conviennent tout à fait à ce florilège qu’il transforme en une ballade agréable. De celles que l’on partagerait volontiers avec un ami. L’accompagnement musical était une bonne idée pour renforcer cet univers qui relève de l’intime, et nous baigner dans un pur plaisir d’écoute.
Nous écoutons un René de Obaldia qui se fait cocasse, satirique et terriblement lucide, autant que drôle, grave ou cynique, d’une écriture qui sait se faire naïve, espiègle ou roublarde et qui n’oublie de se faire crue pour parjurer l’horreur ou conjurer la mort.
« Mon visage couché sur le ventre des veuves
Passe le flot des ans des siècles des serments
Des milliers d'années neuves…
Bonne année, bonne santé.
Embrassez les enfants. »
Un René de Obaldia qui suspend le temps pour nous, pour entendre un moment la simplicité et la force des exploits de l’imaginaire qui s’envole et qui nous emporte avec lui, faisant aussi voltiger pour nous les insouciances de l’enfance.
« Antoinette et moi
On va dans les bois
Pour grandir ensemble
Un peu chaque fois… »
Un délice. Un spectacle aux allures de soirée au coin du feu. Un superbe moment de théâtre poétique et musical. À savourer sans modération !
Spectacle vu le 13 décembre 2021
Frédéric Perez
Florilège de textes de René de Obaldia. Conçu et interprété par François Marthouret accompagné au piano par Vadim Sher. Lumières de François Loiseau.
Les lundis à 19h00
75 boulevard du Montparnasse, Paris 6ème
01.45.44.50.21 www.theatredepoche-montparnasse.com