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C’est un spectacle tout à fait inattendu qui vaut le détour. Des clowns sur une scène de théâtre faisant les clowns certes, mais pas que ! Des numéros de music-hall alors ? (c’est ça ! comme Grock, Oleg Popov ou Pierre Étaix, on les a bien vu sur des scènes ceux-là, non ?) Et bien pas plus.

Ni pièce de théâtre, ni numéros de cirque, ni utilités de music-hall… Mais tout cela à la fois dans une ribambelle de séquences façon anecdotes documentées bourrées de références avec des morceaux d’expériences dedans.

« Il y a des loges de fortune, un cercle tracé au sol et en son centre une table et trois acteurs autour. Les spectateurs entrent. La représentation a-t-elle commencé ? Les acteurs se transforment en clowns. Monsieur Lô, le Blanc et les Augustes Marcel et Airbus révisent leurs classiques puis partent pour un hommage aux clowns d'antan et ça dérape crescendo. Perruques, peau de banane, fausses sorties, domptage, fanfare, engueulades, jonglage, coups-fourrés, scintillements, acrobaties, mélancolie, cascades, opportunisme et gloutonnerie, pouvoir et autorité, veuleries, crâneries, haute estime de soi et encore un tour de piste ! »

Voici un bel hommage à l’histoire et à la tradition du Clown, un hommage instruit et illustré formidablement par trois circassiens de souche qui se répartissent à merveille les rôles du trio clownesque légendaire. Le trio ici est composé de monsieur Lô (le clown blanc), de Airbus et Marcel (deux augustes jouant le pitre et le contre-pitre).

Tout y est ! L’absurde des situations et des saillies, la tristesse du ratage ou de l’humiliation, le burlesque traversant et la poésie des grands enfants timides ou extravertis, toujours complices qui s’amusent autant que nous d’être pris les doigts dans le pot de confiture ou se roulant par terre à force de rire de leurs propres bêtises. La cruauté rejoint l’affection. La peur de l’autorité se fait joueuse cherchant souvent à inverser les rôles.

Mais un petit « plus » adroit et bien ficelé, comme un écart ou un pas de côté, fait ripper l’ensemble qui pourrait sinon être bien trop sage et conventionnel. Il s’agit du regard dans le miroir que ces trublions ne se privent pas d’avoir. Comme si leurs personnages ne suffisaient pas à nous raconter leurs histoires, à nous montrer cette farandole savante et drôle de blagues, de pantomimes acrobatiques, d’entrées de clowns ratées, de chutes attendues.

Il n’y a pas de piste ronde bordée d’un muret symbolisant leur territoire, nous ne sommes pas au cirque. Nous sommes dans un théâtre. Et ils font fi du 4ème mur. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’ils finissent de se maquiller à vue, qu’ils commentent souvent les actions et les explications. Ils ne sont pas les dupes de leurs rôles ni ne souhaitent qu’on le devienne. Il y a comme une franche et très agréable narration de leurs histoires d’artistes dans cette Histoire des clowns.

Oui, c’est un spectacle tout à fait inattendu sans aucun doute. Agréable et plein d’empathie. Intéressant, divertissant et drôle à souhait. Et même si les enfants (petits et grands) n'y voient que du jeu (oh que ça riait), les adultes n'y verront pas que du feu (et ils riaient tout autant). À découvrir sans hésiter et à savourer au premier comme au deuxième degré voire au troisième, soyons clowns !

 

Spectacle vu le 28 décembre 2022

Frédéric Perez

 

De et avec Laurent Barboux, Lionel Becimol et Alexandre Demay.

Lumières de Gilles Cornier. Costumes de Nathalie Tomasina. Constructions et création sonore de Lionel Becimol.

 

 

Suite au succès, prolongations dès le 29 janvier

Les dimanches à 15h, les samedis à 16h30 et les lundis à 19h

14 rue de Trévise, Paris 9ème

01.45.23.35.45  www.theatre-trevise.com

 

Photo © DR

Photo © DR

"Monsieur Lô". Photo © DR

"Monsieur Lô". Photo © DR

"Airbus". Photo © DR

"Airbus". Photo © DR

"Marcel". Photo © DR

"Marcel". Photo © DR

Photo © DR

Photo © DR

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