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Une expérience musicale intéressante. Ce nouvel opus de l’orchestre La Sourde ne manque pas d’atouts pour assouvir la curiosité du public devant ce qui est une avalanche d’effets délibérément détonants et drôles.

D’une vélocité d’exécution instrumentale remarquable, le spectacle est avant tout une édifiante déconstruction des normes qui structurent et entourent le format habituel d’un concert orchestral académique. Les biais sont multiples, de la posture des musiciens au déroulement de la partition, tout est bon pour prétexter l’écart et faire la nique aux habitus classieux traditionnels.

Pour cela, les surprises abondent, faites de rebondissements et de gags visuels ou sonores. Un étourdissement savant et imagé de la partition initiale du concerto pour clavier de Carl Philipp Emanuel Bach.

Comme une déviation assumée de ce concerto sur des chemins buissonniers. Une adaptation habile élabore une série de variations qui viennent emprunter ou s'appuyer sur des extraits mélodiques ou des formules rythmiques, des parties de contrepoint figuré ou des mesures données en ostinato ou décalquées dans les différents genres musicaux traversés. Du baroque originel bien sûr au jazz orchestral, en passant par la musique concrète, le bruitage et le piano préparé façon John Cage, jusqu’au mélange de ces genres, nous plongeons ainsi dans de nombreux univers musicaux plaqués en succession ou tuilés en fondu enchainé.

L’ensemble musical, œuvrant dans la veine d’un burlesque décomplexé, a pour intention in fine, nous dit-on, de conduire le public à « s'attacher à regarder la musique et écouter le théâtre ». C’est réussi. Dans une mise en vie effrénée, par moments à la limite d’une agitation d’où ressort la puissance des percussions et des « forte » produits en crescendo, ou à l’opposé dans des ambres floutés où les notes volent en nuages parsemant des impressions éthérées et veloutées, nous sommes confrontés à un essai théâtral et musical inhabituel.

L’étonnement est grand et le plaisir piquant. Un moment musical divertissant et surprenant qui se démarque et se remarque.

Spectacle vu le 27 mars 2024

Frédéric Perez

 

D’après Carl Philipp Emanuel Bach. Conception : Samuel AchacheAntonin-Tri HoangFlorent HubertEve Risser. Orchestre La Sourde.

Avec Thibault Perriard, Eve Risser, Olivier LaisneySamuel Achache, Antonin-Tri HoangFlorent Hubert, Anne-Emmanuelle Davy, Nicolas Chedmail, Marie Salvat/Juliette LerouxBoris Lamerand, Agnès Boissonnot GuilbaultPauline Chiama, Gulrim ChoïMyrtille Hetzel, Thibaud RousselLéo Brunet, Mattieu BlochYouen Cadiou/Caroline Peach, César GodefroyMaël Fabre et Pauline Kieffer.

 

 

Jusqu’au 29 mars à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet 

www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/concerto-contre-piano-et-orchestre.htm

 

Photos © Joseph Banderet
Photos © Joseph Banderet
Photos © Joseph Banderet

Photos © Joseph Banderet

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