Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Une comédie musicale qui nous prend aimablement par la main pour cheminer tranquillement tout le long de ce voyage au pays des amours d’Anatole, aux aspects courtois, à la fois léger, libertin et intriguant.

« À travers les souvenirs d’une Vienne intemporelle qui traverse le vingtième siècle, Anatole nous emmène dans le tourbillon du jeu de l’Amour et nous donne à voir cinq ‘victimes’ de cet avantageux tableau de chasse. Femmes désirées, conquises ou fantasmées, qu’importe qu’elles aient toutes le même visage, puisqu’elles ne sont que les facettes de la femme idéale, rêvée par Anatole, son but ultime : celle qui pourrait lui dire à la fin de sa vie, ‘tu es celui dont je me souviendrai’. »

Un voyage qui nous fait traverser le temps de passés simples en passés composés pour voir comment le jeu d’Anatole, au filtre des époques, parfume de tendresse affectueuse ou de dureté vengeresse, les désirs plaisants, douloureux et ardents. Seraient-ce des souvenirs de conquêtes au gout de victoires et d’amertumes ténues mais tenaces que nous voyons défiler ?

Il y a du rocambolesque à la gaîté délicieusement teintée de mélancolie dans tout cela. Il y a de l’abime aux profondeurs plus obscures aussi dans ces manèges de l'amour qui se joue, est joué et joue avec Anatole qui devient peu à peu une âme en peine tirant derrière elle un cœur éperdu.

Où arrivera donc Anatole à la fin de cette course effrénée ? Après cette chasse à l'aventure amoureuse ? À chaque victoire, son échec ? Où va-t-il, vers le chagrin de soi ? Schnitzler ne s’y est pas trompé et Laporte le transforme et le montre avec adresse, le rêve d'un amour parfait est plus grand que l'amour présent. La satisfaction de ses répétitions devient une quête inépuisable et violente sans doute tissée dans les mailles du fantasme.

La mise en scène de Hervé Lewandowski est efficace et soignée, installée dans une scénographie à tiroirs élégante signée Natacha Markoff, dirigeant les jeux et les situations avec l’espièglerie et l’émotion qui conviennent tout à fait à cet argument simple en apparence et finalement audacieusement et savoureusement complexe.

Les arrangements et les musiques additionnelles de Nancy Ford sont d’une adresse infinie. C’est très bien vu. Le jeu entre les paroles de Tom Jones et les airs d’Offenbach qui accompagnaient à l’époque des messages de tout autre nature fonctionne à merveille et pique les situations de fantaisie un rien décalée. C’est délicieux et malin.

Les costumes de Julia Allègre sont véritablement somptueux et comptent pour une grande part dans la réussite du spectacle. Les lumières de Denis Koransky participent à la fête et apportent leur contribution à un ensemble artistique fichument bien léché techniquement.

La distribution est impressionnante et remarquable. Les mises en place vocales sont impeccables et leur musicalité attrayante. Mélodie Molinaro joue les cinq femmes avec une redoutable habilité. Gaétan Borg, Yann Sebile et Guillaume Sorel chantent très bien, le coffre y est et leurs voix sont complémentaires par leur tessitures et leurs timbres. Et bien sûr, ils chantent aussi bien qu’ils jouent, chapeau bas messieurs !

Un spectacle musical agréable et très bien fait. Une adaptation réussie de la pièce de Arthur Schnitzler mise au gout du jour sans en dénaturer l’essence-même. Une mise en vie superbe et distrayante. À voir pour le plaisir des sens et de la pensée.

 

Spectacle vu le 2 novembre 2021

Frédéric Perez

 

D’après la pièce « Anatole » de Arthur Schnitzler. Adaptation de Stéphane Laporte. Livret et paroles de Tom Jones. Musique de Jacques Offenbach. Arrangements et musiques additionnelles de Nancy Ford. Mise en scène de Hervé Lewandowski. Direction Musicale de Sébastien Ménard. Création Sonore de Geoffrey Bouthors. Lumières de Denis Koransky. Costumes de Julia Allègre. Scénographie de Natacha Markoff.

Avec Gaétan Borg, Mélodie Molinaro, Yann Sebile et Guillaume Sorel. Au piano Sébastien Ménard ou Jonathan Goyvaertz.

 

 

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h ou 17h

(voir sur le site du théâtre)

53 rue Notre-Dame-des-Champs Paris 6ème

01.45.44.57.34  www.lucernaire.fr

 

Photo © Basile Alaïmalaïs

Photo © Basile Alaïmalaïs

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Photo © Noémie Kadaner

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :