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Rires en cascades, fou-rires en piqués, ce spectacle est très drôle sans aucun doute (pas même un léger). L’argument est un prétexte à des jeux de mots improbables et des rebonds langagiers cocasses et efficaces. Un régal de bienêtre théâtral.

« Que devient un acteur ou une comédienne lorsqu’il n’y a plus de public pour faire vivre leurs personnages ? Plus grand chose, ou presque… Mais lorsque le rideau se relève, s’agit-il de la comédie qui se joue ou de la vie qui reprend ses droits ? Alors entre fiction et réalité, on ne sait plus qui est qui… »

L’histoire nous balade dans un jeu trouble aux frontières du réel entre un plateau de théâtre où le non-sens prévaut et un diner entre amis représenté par une narration déjantée mais crédible. Le récit est un pur amas de conjectures qui donne de superbes occasions de saillies et de traits, de quiproquos implicites, de truchements entre réel et imaginaire.

Stéphane de Groodt excelle dans l’écriture d’un rire qui lui est propre. De dérapages en doubles-sens, il triture le vocabulaire, retourne et détourne le sens des messages portés par les mots, en fait des associations par les rimes et des dissociations d’idées. L’ensemble est enveloppé d’évidence et rythmé façon mitraille comme pour abasourdir son auditoire de chutes et contre-chutes qu’il faut suivre ou mourir.

De Groot apporte un idiome singulier et remarquable dans le champ risqué du rire par l’absurde. De grands maitres s’y sont illustrés avant lui et comptent encore aujourd’hui, il les rejoint ici avec sa première pièce. C’est déroutant et savoureux, une forme d’élégance fluide et teintée de noblesse associée à un désir manifeste de rigolade effrontée. C’est astucieux et agréable.

La mise en scène callée au cordeau de Jérémie Lippmann se colle au récit pour le servir à point nommé. Pas d’effet ni d’artifice ajoutés, tout est dans le texte.

Les interprètes s’en donnent à cœur joie. Oui ça c’est sûr, d'abord on n’en a vu aucun pleurer, et ensuite, ce n’est pas pour balancer, mais il y en a trois dont je tairais les noms qui se sont pris deux bonnes « barres », que c’était trop sympa. J’ai cherché le prénom de la dame dans le public qui a trop-très-beaucoup ri jusqu’à vous faire fou-rire, mais désolé, Stéphane, Clémence et Bérangère, je n’ai pas trouvé.

Un fichue belle équipe pour une distribution brillante. Chacune et chacun dans son personnage et son double, sans oublier les régisseurs, nous a servi une interprétation simple et aisée, pêchue et engagée. Un beau travail à saluer.

Une comédie de mots dits dans un écrin de non-sens. On en sort le sourire aux lèvres comme pour rester encore un peu plus dans ce bain joyeux de plaisir complice. Pour le texte qui vaut franchement le détour et pour sa mise en vie réussie, je conseille vivement ce voyage en absurdie.

 

Spectacle vu le 7 octobre 2023

Frédéric Perez

 

De Stéphane De Groodt. Mise en scène de Jérémie Lippmann assisté par Lou Monnet. Scénographie de Jacques Gabel. Costumes de Isabelle Deffin. Lumières de Jean-Pascal Pracht. Musique de Pablo Lanty.

Avec Pierre Berriau, Yann Carcedo, Stéphane De Groodt, Constance Dollé, Éric Elmosnino et Bérangère McNeese.

 

 

Du mardi au samedi à 21h00

Matinées le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h30

20 boulevard Saint-Martin, Paris 10ème

01 42 08 18 50 www.theatredelarenaissance.com

 

Photos © DR
Photos © DR

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