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Mon article de juillet dernier :
Une comédie grinçante, horriblement drôle et joyeusement pathétique. Un argument cocasse et inattendu. Et surtout, une façon de jeux volontairement trublionne. Voilà pour la présentation de cette pièce qui vaut franchement le détour. Des explications ? d’accord et allons, soyons fous, voyons la recette de ce mets savoureux.
Prendre des comédiennes et des comédiennes (pas trop bons), leur donner une courte présentation des rôles à jouer et les placer aux côtés d’un vrai bougre qui les a embauchés pour vivre parmi eux et grâce à eux les derniers morceaux de vie qui lui manquent, à quelques pas de sa fin annoncée. C’est bon, vous êtes prêts ? alors remuez le tout. Mais non, pas trop fort !... Voilà, trop tard, vous avez tout mélangé ! Et qu’est-ce qu’il reste maintenant ? Et bien justement, c’est le fond et la forme de ce spectacle…
« Pierre-Henri, un riche homme d’affaires en fin de carrière, engage des comédiens pendant une semaine pour jouer sa famille disparue et l’aider à se réconcilier avec les siens. Entre réalité et fiction, cette relecture d’un passé familial mouvementé tourne au règlement de compte où personne ne sait bientôt plus faire la part entre le vrai et le faux. Voici Pierre-Henri bientôt débordé par les transferts des uns et des autres, qui l’entraîneront bien au-delà de ce qu’il en attendait... »
Le texte très habile de Gilles Dyrek jongle avec la fiction et le réel, tisse des liens entre le vrai et le faux et nous pousse à deviner ce qui se trame véritablement derrière tout cela mais non, nous n’y arrivons pas. Nous replongeons sans cesse dans des situations biseautées, piquées de répliques absconses et bien senties. Nous nous retrouvons à chaque fois suspendus au fil narratif pour ne rien perdre des prochains rebondissements. C’est bien ficelé, on s’y laisse prendre avec délice.
La mise en scène de Éric Bu est calée au cordeau. Vive et sans rupture de rythme, le texte explose sous sa coupe et offre un boulevard à l’interprétation d’une troupe au taquet, qui ne se prive de se régaler au passage et de partager avec nous le joyeux déraillement ambiant aux allures de délires névrotiques entremêlés.
Benjamin Alazraki, Jean-Gilles Barbier, Amandine Barbotte, Camille Bardery, Isabelle de Botton, Hervé Dubourjal, Gilles Dyrek et Lauriane Escaffre nous cueillent dès le début et ne nous lâchent pas. Un régal de jeux drôles et crédibles.
Un spectacle original, hilarant et déjanté. Un très bon moment de théâtre de plaisir.
Spectacle vu le 19 juillet 2022
Frédéric Perez