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Cette pièce, dans la lignée de toutes les précédentes pièces de Fabio Marra, marque nos esprits tant les émotions qu’elle charrie s’imprègnent dans notre intimité, viennent parler à notre mémoire, nous touchent et nous troublent.

 

« Vittorio est un artiste peintre atteint de DMLA, il perd la vue progressivement. Dans l’incapacité de dévoiler ses œuvres, il s’est toujours caché derrière le trait d’autres peintres. Comme ultime rempart, il se lance dans la falsification d’un chef-d’œuvre. Alarmée par son manque d’autonomie, sa sœur tente de renouer avec ce frère qu’elle aime tant. » 

 

Et toujours, cette attention particulière à la personne humaine, plus précisément à celle qu’on ne voit pas ou peu, qu’on ne distingue presque jamais entre les mailles de l’oubli, se révèle à chaque opus comme un fil d’Ariane de son travail dramaturgique. Marra nous parle souvent des gens de peu de chance, frappés par un passé trop lourd à porter, par des souffrances qui handicapent ou empêchent, par des espoirs fragiles.

 

Le poids de l’histoire familiale trouve place dans cette « Couleur des Souvenirs ». La pièce joue des réminiscences comme du présent pour décrire combien plus les années passent, plus les liens tendent à se resserrer avec celles et ceux qui comptent comme avec ses souvenirs.

 

Le chagrin et la fantaisie cheminent ensemble tout le long, s’arrêtent parfois pour nous regarder en face puis nous laissent, seuls parmi une foultitude de sensations, se départir de ce qui reste en nous.

 

Ne nous étonnons pas que sourires, rires et larmes y trouvent un puits de ressources car tout ce qui fait théâtre est ici rassemblé. De la tragédie un peu, de la comédie aussi, une forme d’impressionnisme naturaliste propre au théâtre intimiste et social qui contribue à sensibiliser le public sur la marginalisation et l’inégalité des êtres devant leur aspiration au bonheur.

 

La mise en scène de l’auteur et l’ensemble des éléments scénographiques (décor, costumes, lumières, vidéos, musique) créent une esthétique chaleureuse et enveloppante, renforçant avec adresse et efficacité les impressions ressenties, entretenant la curiosité permanente et l’intérêt pour toutes les facettes du récit. La beauté du spectacle qui en ressort est manifeste.

 

Comme souvent chez Marra, c’est une pièce d’acteurs. Nous sommes servis. Que dis-je servis, cueillis littéralement ! Catherine Arditi, Aurélien Chaussade, Dominique Pinon, Fabio Marra, Sonia Palau et Floriane Vincent, nous captent d’entrée et ne nous lâchent pas jusqu'au bout. Une incarnation sensible, troublante et touchante des personnages. Une interprétation au service du texte servi avec une justesse et une puissance de jeu détonantes (Catherine Arditi y est rayonnante et Dominique Pinon impressionnant). On ne voit rien venir. Un splendide maillage d’émotions est tissé peu à peu, passe la rampe et vient nous toucher puis faire mouche. Du très bel ouvrage.

 

Un texte sensible et attachant. Une mise en vie remarquable. Un spectacle mémorable. Courez-y !

 

Spectacle vu le 19 juillet 2023, 

Frédéric Perez 

 

Texte et mise en scène de Fabio Marra. Scénographie de Audrey Vuong. Costumes de Alice Touvet. Création lumière de Kelig Le Bars. Création vidéo de Antonio Carola, Guillaume Glad, Jean Ledieu, Denis Parrot et Italo Scialdone. Création musiques de Claudio del Vecchio. Création sonore de François Galarneau. Régie générale de Pierre Mille. Accessoires de Dimitri Leni. Tableaux de Alexander Fadeev et Pasquale Mascoli.

 

Avec Catherine Arditi, Aurélien Chaussade, Dominique Pinon, Fabio Marra, Sonia Palau et Floriane Vincent. 

 

 

21h30 - relâche les jeudis

 

Photos © DR
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