Voici un pièce originale, aux atours sensibles et envoutants, aux sensations enveloppantes. Tant par son esthétique dramaturgique travaillée et réussie que par la qualité émotionnelle qu’elle développe.
« Paris, de nos jours. Après des années à veiller sur le sourire le plus célèbre du monde, le gardien de la Joconde s’apprête, non sans émotion, à prendre sa retraite. Alors que commence son dernier tour de garde, il convoque Laurent, son fils, pour lui confier un récit connu de lui seul : la véritable histoire de Mona Lisa … »
L’argument s'appuie sur des personnages historiques emblématiques pour tisser une trame narrative à la manière d’une enquête, truffée de pointes d’humour et de légèreté, de profondeur et de mystère, riche en rebondissements. Mais pas que.
Nous marchons sur les pas de la famille Médicis, puissante et influente, prise dans les jeux toujours complexes des alliances et des rivalités. Nous sommes confrontés aux aléas des amours interdites, des trahisons déchirantes et des machinations sournoises.
L'intrigue se forme progressivement et nous emporte dans une plongée immersive fictionnelle, d’une époque à l’autre, d’hier à aujourd’hui. Une façon d’épopée romanesque qui nous ballotte et nous baigne de sentiments projetés en sentiments ressentis, dans moult imageries imbriquées les unes dans les autres qui nous ouvrent grandes les portes d’un imaginaire bousculé par l’Histoire.
Mais surtout, cette dimension historique sert de tamis et d’appui à une dimension plus trouble et plus troublante, celle de la transmission, de l’héritage de l’histoire familiale, de la dureté des choix de vie. C’est là sans doute, le sens et l'esprit de la pièce, unissant le passé et le présent d'une manière qui impressionne le regard et l’écoute, qui vient parler aux affects et qui contribuent à l’identification du spectateur.
La mise en scène habile de Raphaëlle Cambray assistée par Sara Kejler joue du temps et de l’espace avec fluidité. Le rythme est alerte et ponctué de pauses évocatrices. Dans une scénographie inventive, sans décor significatif, avec uniquement des éléments matériels signifiants et de jolis costumes, la narration se fait simple et complice et nous tient en haleine de bout en bout.
Les personnages sont tous incarnés avec brio. Sébastien Lalanne (ce soir), Antoine Pelletier, Nicolas Poli, Éric Prat (ce soir), Massimo Riggi (ce soir) et Karina Testa brillent par leurs jeux engagés, captivants et nuancés. Chacune et chacun apportent une intensité puissante et délicate à la fois, contribuant ainsi à l'authenticité et à l'émotion du spectacle.
Amateurs d'histoire, d'art ou de théâtre, ce moment étonnant et remarquable se joue au théâtre Lepic. Les ovations aux saluts sont les marques d’un succès mérité. À ne surtout pas manquer.
Spectacle vu le 8 août 2023
Frédéric Perez
De Stéphane Landowski. Mise en scène de Raphaëlle Cambray assistée par Sara Kejler. Création lumière de Denis Schlepp. Création musicale de Raphaël Sanchez. Scénographie de Pauline Gallot. Costumes de Mélisande de Serres. Vidéo de Femme Fatale Studio.
Avec Karina Testa, Éric Prat ou Jean-Marie Frin, Antoine Pelletier, Mickaël Abiteboul ou Sébastien Lalanne, Nicolas Poli, Massimo Riggi ou Audran Cattin.
Jusqu’au 3 septembre
Du mardi au vendredi à 21h, samedi à 17h et 21h, dimanche à 15h
1 avenue Junot, Paris 18ème
01 42 54 15 12 www.theatrelepic.com