Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

- Edward Hopper, " Deux comédiens ", huile sur toile, 1965 -

 

 

L'émotion produite lors d'une représentation théâtrale ou d'une performance de spectacle vivant fait l'objet d'une littérature riche et captivante. Ce ressort dramatique créant une complicité entre ici, maintenant et ailleurs, entre moi et soi, en nous et les autres, cette illusion réelle si présente qu'elle peut être intense, que je cherche à ressentir au théâtre, comme tant d'autres spectateurs, intrigue et fascine.

Des études de l'historien Robert Vischer sur l'empathie à la fin du 19ème siècle en passant par la théorie du psychologue Paul Schilder sur le schéma corporel au milieu du 20ème siècle puis, plus tard, le principe d'athlétisme affectif de Antonin Artaud, jusqu'à l’approche neuro-esthétique proposée par Freedberg et Gallese au début du 21ème siècle sur la théorie simulationniste de l’explication du comportement d’autrui selon laquelle le sujet reproduirait de façon interne les actions motrices des autres, l’émotion, cette intrigante sensation, entre réaction et pulsion, vie intérieure et expulsion n'a de cesse de nous interpeller et nous interroger autant que de nous soumettre.

« Tout ce qui relève du sentiment doit être extériorisé (autrement dit : devenir geste). Le comédien donnera des émotions de ses personnages une expression sensible, extérieure, il cherchera même, si possible, une action qui trahisse ce qui se déroule en lui. L’émotion doit se manifester, s’émanciper, si l’on veut pouvoir la traiter en grand ». Bertolt Brecht, "Nouvelle technique d’art dramatique" ,1940, in "Écrits sur le théâtre", tome I, Paris, l’Arche, 1972.

« Il faut admettre pour l’acteur une sorte de musculature affective qui correspond à des localisations physiques des sentiments. Il en est de l’acteur comme d’un véritable athlète physique, mais avec ce correctif surprenant qu’à l’organisme de l’athlète correspond un organisme affectif analogue, et qui est parallèle à l’autre, qui est comme le double de l’autre bien qu’il n’agisse pas sur le même plan ». Antonin Artaud, "le théâtre et son double", Gallimard, Paris, 1978, p. 124.

« Le théâtre est une leçon mais le maître, c’est la vie. Quelle que soit l’idée du metteur en scène, je ne crois pas qu’il faut la prêcher mais simplement la partager comme une expérience émotionnelle. » … « le théâtre est une alternative au monde réel », « la vie sur scène est une vie bien plus vraie que la vie réelle »Krystian Lupa, cité dans un article de Alexandre Demidoff, "Au théâtre, le salut est souvent un spectacle en soi", Le temps, 2014.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :